La pandémie de Covid-19 accentue les besoins humanitaires dans la région du Sahel, déjà en proie au terrorisme, a déclaré jeudi le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) des Nations unies. Quelque 24 millions de personnes dans le Sahel, dont la moitié sont des enfants, ont besoin d'une assistance et d'une protection vitales en 2020, c'est le nombre le plus élevé jamais enregistré. Plus de 4,5 millions de personnes sont déplacées ou réfugiées à l'intérieur de leur propre pays, soit un million de plus qu'en 2019, a indiqué l'OCHA. L'insécurité alimentaire et la malnutrition devraient atteindre des chiffres record. Plus de 12 millions de personnes sont déjà confrontées à une grave pénurie alimentaire, le chiffre le plus élevé depuis une décennie. L'impact socio-économique de la pandémie de Covid-19 risque de multiplier ce chiffre par 2, a poursuivi le Bureau. Près de 10 millions d'enfants risquent de souffrir de malnutrition aiguë, dont 3 millions sous sa forme la plus grave. La fermeture des écoles, due aux violences et aux mesures de confinement, affectent une génération entière, a ajouté l'OCHA. En mars 2019, plus de 11 500 écoles étaient fermées ou non opérationnelles en raison des violences dans tout le Sahel, touchant plus de 2,2 millions d'enfants. Avec le Covid-19, 71 millions d'enfants sont temporairement non scolarisés. L'accès humanitaire au Sahel est devenu de plus en plus difficile. L'insécurité croissante affecte profondément les opérations d'aide. La réponse de plus en plus militarisée et politisée constitue un risque majeur pour l'action humanitaire reposant sur des principes, a indiqué l'OCHA. Parallèlement, le manque de financement est l'un des défis les plus importants. Cinq mois après le début de l'année 2020, seuls 18% des 2,8 milliards de dollars américains demandés pour les plans d'intervention humanitaire au Sahel ont été financés. Les fonds supplémentaires nécessaires pour faire face à la pandémie de Covid-19 s'élèvent à 620 millions de dollars, et ne sont financés qu'à hauteur de 13%, selon l'OCHA.