Malgré le sous-financement lié à la multiplication des crises humanitaires au Tchad, les interventions vitales et la recherche de solutions durables sont plus que jamais indispensables dans le pays, plaide le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) dans son bulletin humanitaire publié récemment. Au Tchad, près d'une personne sur trois a besoin d'assistance humanitaire. En 2017, seuls 43% des fonds requis pour l'assistance humanitaire ont été obtenus. "Les multiples crises humanitaires persistantes s'expliquent par des causes structurelles et conjoncturelles telles que le manque d'infrastructures et un accès limité aux services de base, les effets du changement climatique, l'insécurité dans les pays voisins et une crise économique persistante", explique le document de l'Ocha cité par l'agence Chine nouvelle. En 2017, plus de 4 millions de personnes ont été touchées par l'insécurité alimentaire et la malnutrition au Tchad. L'indice mondial de la faim de 2017 place d'ailleurs ce pays sahélien en deuxième position des pays les plus affectés après la République centrafricaine, soulignant l'extrême vulnérabilité de sa population face à la crise alimentaire. La situation des populations déplacées est également préoccupante. Plus de 410 000 réfugiés et près de 66 000 déplacés tchadiens n'ont pas de moyens d'existence suffisants pour assurer leur autosuffisance alimentaire et peuvent basculer à tout moment dans une situation d'insécurité alimentaire sévère. La situation nutritionnelle s'est également détériorée l'année dernière, avec un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 13,9% au niveau national comparé à 11,9% en 2016 et une prévalence de la malnutrition aiguë sévère (MAS) de 3,9% contre 2,6% en 2016. Douze régions sur vingt-trois ont été déclarées en situation d'urgence nutritionnelle. La malnutrition chronique a également augmenté de 26% en 2016 à 32,4% en 2017. Plus de 200 000 enfants sont en situation de MAS, avec des taux de prévalence supérieurs au seuil d'urgence de 2% dans quinze régions. "Une réponse d'urgence à l'échelle des besoins reste un impératif pour sauver la vie de millions de personnes. Cependant, la chronicité de la crise et la détérioration de la situation requièrent une nouvelle façon de travailler associant les interventions humanitaires et de développement", précise Ocha. En 2018, 4,4 millions de personnes auront besoin d'aide humanitaire au Tchad. La communauté humanitaire prévoit de cibler 1,9 million de personnes les plus vulnérables et a besoin de 544 millions de dollars pour fournir une aide vitale. R. I./Agences