Les avocats de la défense avaient fait cassation le 26 mars dernier, estimant que la condamnation de l'homme politique à une année de prison n'était pas susceptible d'être exécutée au motif qu'elle ne repose pas sur des fondements juridiques. Alors que le tribunal de Koléa (Tipasa) a reporté, hier et pour la 4e fois, le procès du détenu politique et une des figures du Hirak, Karim Tabbou, au 14 septembre prochain, la Cour d'Alger statuera aujourd'hui sur la décision rendue le 24 mars dernier par la 5e chambre pénale d'accusation qui avait condamné l'enfant d'Aït Bouaddou à une année de prison ferme. C'est-à-dire si cette décision est susceptible d'être exécutée ou non. C'est un des avocats de la défense, Me Abdellah Heboul qui, dans un post sur Facebook, a donné l'information. On s'en souvient à l'issue de son procès du 11 mars, quand Karim Tabbou a été condamné à 12 mois de prison dont 6 avec sursis. Le parquet avait fait appel et, le 24 mars, la 5e chambre d'accusation près la Cour d'Alger a condamné Karim Tabbou à une année de prison ferme. Une décision "réputée contradictoire" aux yeux d'un avocat car, a-t-il expliqué, "Karim Tabbou n'était pas présent quand elle a été rendue". Pour qu'elle soit exécutoire, cette décision doit remplir deux conditions : sa notification à l'intéressé qui, sous huitaine, a le droit de faire cassation. Puis, sa suspension s'il y a cassation. Or les avocats de la défense ont fait cassation le 26 mars, estimant que cette décision n'est pas susceptible d'être exécutée au motif qu'elle ne repose pas sur des fondements juridiques. Une chose est sûre, la décision appartient aux juges qui vont rendre leur verdict aujourd'hui. La famille et les amis de Tabbou espèrent en tout cas son élargissement. Et selon les déclarations faites il y a quelques semaines par le président du Jil Jadid Soufiane Djilali et par le porte-parole de la présidence de la République Belaïd Mohand-Oussaïd peuvent être des signes présageant une issue heureuse pour cette affaire. Concernant le report du procès par le tribunal de Koléa, il s'est fait "à la demande de la défense", a précisé le Comité national pour la libération des détenus. "Il s'agit du procès après sa première arrestation (arrêté le 11 septembre 2019 et libéré le 25 septembre par le tribunal de Koléa, avant son arrestation le 26 septembre et sa mise sous mandat de dépôt par le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger)", a-t-il ajouté. Pourquoi la défense a-t-elle demandé le report du procès de son client ? "Le prévenu Karim Tabbou est non détenu dans cette affaire", a expliqué le Comité, tout en invoquant "les mesures de protection contre la propagation de la Covid-19". Me Benissad Noureddine, un des avocats de Karim Tabbou, a soutenu que c'est ce dernier lui-même qui n'a pas voulu de ce procès. "Tabbou n'a pas donné son accord pour un procès à distance. C'est une position de principe qu'il a adoptée dès la première audience. Il a tout-à-fait raison car le procès à distance, et indépendamment des problèmes techniques liés notamment à la qualité du réseau internet, ne répond pas aux garanties d'un procès équitable", a expliqué l'avocat. Cela étant dit, Karim Tabou n'a fait qu'"exprimer pacifiquement une opinion et, ni lui ni aucune personne dans ce pays ne devraient être inquiétés pour avoir exprimé une opinion. La liberté d'expression est un droit fondamental. Karim Tabbou comme tous les autres détenus d'opinion doivent être libérés ", a-t-il martelé. Pour Me Benissad, "on fait jouer à la justice un rôle qui n'est pas le sien". Et d'enfoncer le clou : "Quand la politique pénètre dans le palais de justice, c'est cette dernière qui sort du palais". Ayant toujours apporté son soutien à Karim Tabbou et à d'autres détenus d'opinion, l'avocate Fetta Sadat a estimé qu'"il ne peut pas être extrait de la prison et ce n'est pas judicieux pour un procès équitable". À ses yeux, "il est préférable qu'il comparaisse en étant libre". Pour sa part, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), aile Zehouane, Saïd Salhi, ne s'explique pas pourquoi le report du procès de Tabbou pour le 14 septembre. "Le choix de cette date, est-il fortuit ? Pourquoi pas en juillet ?", s'est-il interrogé.