Initialement prévu pour hier, le second procès du coordonnateur de l'UDS, Karim Tabbou, figure populaire du hirak, a été renvoyé au 6 avril prochain, a-t-on appris auprès de l'avocat, Me Noureddine Benissad. Ce renvoi a été décidé par le tribunal correctionnel de Koléa à la demande des avocats de la défense. Selon Me Benissad, Karim Tabbou est poursuivi dans cette affaire, pour laquelle il avait été arrêté le 11 septembre dernier avant d'être remis en liberté provisoire quelques jours plus tard, pour les chefs d'inculpation d'"incitation à des actes de violence" et d'"atteinte à l'intégrité du territoire national", conformément aux articles 74 et 79 du code pénal. La chambre d'accusation de Tipasa a donc requalifié les accusations. Le chef d'inculpation d'atteinte au moral de l'armée, initialement retenu contre lui, a été écarté. "Pratiquement, les mêmes faits et les mêmes chefs d'inculpation pour lesquels il a été poursuivi par le parquet du tribunal de Sidi M'Hamed et pour lesquels il a été condamné à une année de prison dont 6 mois fermes et à une amende de 100 000 DA", rappelle Me Benissad. Ce qui laisse à penser, a priori, qu'il ne risque pas de nouvelle condamnation. Ou du moins à une peine supérieure à celle pour laquelle il a été déjà condamné lors de son procès spectaculaire du 11 mars dernier. "Karim Tabbou n'a fait qu'exercer ses droits contenus dans la Constitution et le pacte international sur les droits civils et politiques ratifiés par l'Algérie notamment les droits de manifester, de participer aux affaires publiques de son pays et d'exprimer pacifiquement une opinion", rappelle encore Me Benissad. Ce renvoi intervient au moment où des appels de nombreux barreaux se multiplient à l'adresse des instances judiciaires les invitant, au motif de "cas de force majeure", à geler les délais prescrits dans les codes de procédures civile et administrative et le code de procédure pénale. Une action qui s'inscrit dans le cadre des mesures de prévention contre la propagation du coronavirus. Outre la suspension des visites de leurs clients en prison, les avocats, notamment ceux de Béjaïa et d'Alger ont décidé de suspendre "toute activité" dont la fermeture de leurs cabinets et de s'astreindre au confinement. Dans ce contexte, les autorités judiciaires sont appelées à libérer en "urgence" les détenus d'opinion et les détenus malades sachant que les prisons, au regard de leur exiguïté, constituent des terreaux fertiles à la propagation de l'épidémie, observe Me Benissad. Ce renvoi, à la veille de sa libération, prévue pour jeudi, permettra également à Karim Tabbou de comparaître tout en étant libre de ses mouvements.