Depuis son déconfinement total, le 14 juin dernier, la wilaya de Tizi Ouzou vit au rythme d'une anarchie qui, en un temps record, a balayé d'un revers de la main tous les efforts d'organisation, de discipline et de respect des mesures de protection déployés depuis mars dernier dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19. Alors que tous les spécialistes du domaine de la santé qui s'expriment publiquement sur l'évolution de la situation épidémiologique dans la wilaya n'hésitent pas à faire, à chaque fois, état de leur inquiétude face à la flambée des cas de contamination et d'appeler au respect des gestes barrières, la grande partie de la population fait plutôt montre d'un laisser-aller qui tranche radicalement avec l'esprit de responsabilité adopté durant les trois mois de confinement partiel. Non-respect des distanciations physiques, pas de port de masque et bousculades dans les transports et autres lieux publics sont autant de situations que l'on peut observer partout dans la région. Pis encore, à Tizi Ouzou, ils sont de plus en plus nombreux à ne pas croire que le virus continue de circuler et à faire de nouvelles victimes. Pour preuve, il n'y a plus un chiffre divulgué quant aux cas de contamination qui n'est pas remis en cause ou qui ne soit sujet à polémique dans la région. Le dernier bilan hebdomadaire qui a révélé, vendredi dernier, que la wilaya a enregistré 70 nouveaux cas et 7 décès, a donné lieu aux critiques les plus acerbes et à une cacophonie sans précédent. Mais le citoyen qui ne croit plus est-il pour autant le seul fautif ? Le vide relatif à la communication officielle qui a marqué la situation sanitaire depuis le début a, certainement, contribué, chez le citoyen lambda, à ce sentiment de doute. En effet, depuis le 14 juin dernier, les autorités sont quasiment aux abonnés absents. La communication officielle de la wilaya en ce qui concerne la crise sanitaire est réduite à l'annonce hebdomadaire de la tenue de la commission de wilaya de suivi de la situation et de quelques actions sporadiques de distribution de masques. Les contradictions enregistrées entre les chiffres fournis par la Commission nationale de suivi de la pandémie et la Direction de la santé de la wilaya n'ont pas été sans nourrir ce doute. En effet, si les chiffres de la Commission nationale faisaient état de 253 contaminations jusqu'à avant-hier samedi, le dernier bulletin épidémiologique de la Direction de la santé de Tizi Ouzou a arrêté le nombre de contaminations au 14 juin dernier déjà à 271 cas confirmés par la PCR. La gestion "sécuritaire" à maintes reprises dénoncée même par les P/APC de la région, et la poursuite du harcèlement judiciaire et policier de militants durant cette pandémie dans la région ont achevé de convaincre de nombreux citoyens que le pouvoir exploite la crise sanitaire à des fins politiques. Mais une certitude est désormais établie : ce relâchement qui ne cesse de se généraliser a permis à la courbe des contaminations de repartir à la hausse de manière fulgurante, au point même d'enregistrer 70 nouveaux cas et 8 nouveaux décès en une semaine à Tizi Ouzou. Même les appels des spécialistes de la santé à respecter les mesures barrières semblent rester sans écho.