Le procès de l'affaire Haddouche Promotion, qui défraie la chronique oranaise depuis plus d'une année, s'est ouvert hier, au tribunal correctionnel de la Cité Djamel, après de nombreux reports, par l'interrogatoire de Bouziane Hadjar, épouse de Haddouche Ahmed et directrice commerciale de Haddouche Promotion, en détention depuis avril 2019. Questionnée à distance par vidéoconférence, la prévenue a rejeté l'accusation d'escroquerie sur les réservataires qui ont porté plainte et se sont constitués partie civile. "Lorsque Haddouche Ahmed a pris la fuite, j'ai pris sur moi le soin de régulariser toutes les situations litigieuses. Malheureusement, des réservataires ne nous ont pas laissé travailler et j'ai été mise sous mandat de dépôt avant de mener à terme cette opération", a-t-elle affirmé en assurant que la société n'était pas en faillite. L'accusée, qui est poursuivie au même titre que son époux pour escroquerie, émission de chèques sans provision et blanchiment de capitaux, a également entièrement disculpé les dix autres accusés qui comparaissaient libres, poursuivis, eux, de complicité et d'escroquerie. "Ils n'ont aucune sorte de responsabilité dans les faits qui se sont déroulés. Ils ont toujours travaillé selon les instructions que nous leur donnions", a-t-elle notamment déclaré en fustigeant certains réservataires — au nombre de 80, selon elle — qui avaient volontairement ignoré les mises en demeure de paiement des tranches restantes qui leur avaient été adressées. Bouziane Hadjar a reconnu le phénomène de la double réservation en expliquant qu'elle avait été faite par erreur et concernait seulement 25 ou 30 cas. De leur côté, les autres accusés ont maintenu les déclarations faites lors de l'enquête préliminaire et l'instruction, à savoir qu'ils sont innocents des faits qui leur sont reprochés. Ils ont accompli les tâches qui leur avaient été assignées en respectant la réglementation et en se conformant aux instructions de leurs supérieurs. Après les dépositions des accusés, le tribunal a commencé à enregistrer les demandes de dédommagement des victimes qui, en raison de leur nombre, ont été priées de rester hors de la salle d'audience. Pour le bon déroulement de la procédure et pour éviter l'attroupement devant le prétoire, des listes comportant entre 15 et 20 victimes ont été dressées, que le juge d'audience appelait l'une après l'autre. Au terme de l'enregistrement des demandes de dédommagements, il est apparu que Haddouche Promotion aurait fait plus de 500 victimes, et non pas 150 comme nous l'avions précédemment annoncé. Rappelons que, selon l'accusation et la partie civile, entre 2013 et 2019, la société immobilière a réussi à soutirer des milliards de dinars aux réservataires sans, en fin de compte, leur livrer leurs propriétés.