La wilaya enregistre le nombre le plus élevé de morts. Le manque de réactifs, d'oxygène et d'équipements aggrave une situation de plus en plus intenable. C'est l'hécatombe. Sétif ne cesse de compter ses morts. En l'espace de quarante-huit heures, pas moins de 51 décès ont été enregistrés des suites du coronavirus au sein des sept structures hospitalières de la wilaya de Sétif, où la pandémie a atteint un seuil alarmant. Macabre bilan. Une surmortalité qui remet, encore une fois, en question les flatteuses statistiques sur la pandémie de coronavirus annoncées par la commission nationale de suivi et de veille de l'évolution de l'épidémie de coronavirus (Covid- 19). À El-Eulma, 19 personnes ont rendu l'âme à l'hôpital dont 13 ont été inhumées jeudi vers 22h au cimetière de la ville. En effet, un cortège funèbre, composé de plusieurs ambulances et véhicules de la police, a été aperçu tard dans la soirée de jeudi se dirigeant vers le cimetière de la ville. Les vidéos de la scène qui ont fait le tour de la Toile ont plongé la population de la wilaya dans l'émoi et la consternation. Les familles, qui n'ont pas pu faire le deuil d'un proche, ont lancé des appels à la population pour respecter le confinement et les gestes barrières. Le CHU Saâdna-Abdennour de Sétif a, quant à lui, déploré la mort de 9 personnes. Les hôpitaux du sud de la wilaya, à savoir Aïn Azel et Aïn Oulmène, ont respectivement enregistré 7 décès. Le nord de la wilaya a été endeuillé par la perte de 5 personnes à Bougâa et 4 autres à Aïn El-Kébira. Certains cas n'ont pas encore été confirmés par PCR. Par ailleurs, les laboratoires manquent toujours de réactifs au point que celui du CHU, ouvert depuis quelques jours, enregistre, selon des sources médicales, pas moins de 500 tests en stand-by. Le décès de trois paramédicaux durant le week-end, dont Reffaoui Mourad, chef du service de radiologie aux urgences médicochirurgicales, Sadika Nasri, une paramédicale d'Aïn El-Kébira, qui, selon ses collègues, n'a été admise au service de réanimation qu'après complication de son état, ainsi que la perte de Bakiri Hamidi, 57 ans, ambulancier d'une clinique, a mis en évidence des failles dans le système de protection du personnel soignant. Cela s'ajoute au manque de moyens de protection qui font défaut, et ce, en dépit de l'importante contribution des associations et des bienfaiteurs. Par ailleurs, les contaminations explosent parmi les personnels soignants et aides-soignants, notamment au CHU de Sétif où sont admis des professeurs de médecine, des médecins et des paramédicaux. Une situation qui inquiète davantage tous ceux qui sont en première ligne et qui ne cessent de lancer des cris de détresse quant au manque d'équipements, de matériels et d'oxygène qui serait la cause de plusieurs décès ces derniers jours. Il faut souligner que le durcissement du confinement dans 18 communes de la wilaya semble peu respecté, car dès 18h, et ce, jusqu'à une heure tardive de la nuit, l'on constate des jeunes et moins jeunes regroupés, dont certains jouent au football. Les chaînes de contamination sont loin d'être rompues. Ce qui est très inquiétant. FAOUZI SENOUSSAOUI