L'annulation d'impôts et taxes et la suspension des remboursements d'échéances de crédits bancaires figurent parmi les premières mesures proposées par le gouvernement pour soutenir le secteur du tourisme. Le gouvernement, qui vient de reconnaître officiellement la détresse des voyagistes et des hôteliers, est sur le point de décréter le secteur touristique comme étant "sinistré" et a proposé, en conséquence, des mesures exceptionnelles à même de lui venir en aide. Ce constat accompagne les propositions émises par le ministère des Finances via le rapport du comité interministériel pour que "le secteur du tourisme et de l'artisanat puisse bénéficier des dispositions relatives aux assurances accordées dans pareils cas". Il en ressort, en substance, une série de mesures qui se traduisent comme suit : annulation des impôts et taxes (IRG/IBS et autres), suspension des remboursements des échéances des crédits bancaires et sans pénalités de retard, facilitation pour l'octroi des prêts bancaires d'exploitation, prise en charge par le Trésor public des charges sociales des employeurs et employés (Cnas-Casnos), prolongation des délais de paiement des cotisations à la Sécurité sociale de trois mois après la fin de l'épidémie, prise en charge du paiement des charges de fonctionnement des entreprises sous tutelle (électricité, gaz, eau, téléphonie et internet Algérie Télécom), augmentation des contributions de l'Etat aux suggestions de service public pour les années à venir, prise en charge des droits de location des sièges, locaux et ateliers et enfin, prise en charge par le Trésor public des salaires des employés des entreprises sous tutelle. Pour ce qui est du secteur de l'artisanat, il est proposé l'octroi d'une allocation de solidarité de 20 000 DA par mois pour les artisans individuels et 15 000 DA pour les employés des artisans. Selon les chiffres avancés par le Comité interministériel, les hôtels privés et les agences de voyages enregistrent des pertes de 27 milliards de dinars par mois. Le groupe Hôtellerie, Tourisme et Thermalisme (HTT) perd 2,7 milliards de dinars par mois au moment où l'Office national algérien du tourisme (Onat) perd 87,6 millions de dinars/mois et l'Agence nationale du developpement du tourisme (ANDT) compte un manque à gagner de 31,56 millions de dinars/mois, les artisans 12 milliards de dinars/mois et les Epic de l'artisanat (Anart, Cnam et CAM) 70 millions de dinars/mois. Réactivation du Conseil national du tourisme "Nous attendons avec impatience des décisions concrètes de la part du gouvernement qui répondrait ainsi à nos doléances formulées déjà avec l'ancienne équipe, et pas plus tard que jeudi dernier avec le nouveau ministre et son staff", nous a déclaré, hier, Bachir Djeribi, président du Syndicat national des agences de voyages (Snav). Idem pour Nadjah Boudjelloua, SG de la Fédération des voyagistes (Fnat), qui s'est montrée tout aussi optimiste : "Nous avons décelé une grande volonté de la part du nouveau ministre d'intervenir sérieusement pour sauver, un tant soit peu, le secteur de son agonie." C'est, en effet, une faillite presque assurée pour les 3 600 agences de voyages qui ont fermé boutique depuis mars dernier. Celles-ci emploient au minimum 25 000 agents dont elles ne peuvent plus assurer les salaires. La situation n'est guère meilleure pour les hôteliers qui enregistrent des pertes considérables. "La saison estivale est perdue. Il nous faut au moins nous atteler à sauver la saison saharienne qu'il nous faut préparer dès à présent, et c'est ce dont nous avons discuté avec le ministre", a insisté M. Djeribi, précisant qu'"il existe des mesures urgentes à prendre face à la gravité de la situation, et nous pencher ensuite sur un canevas de travail pour d'autres actions à même de réorganiser l'activité des voyagistes". Il a été question, entres autres, du dossier visa, de l'ouverture des circuits dans le Hoggar et du renforcement des rotations aériennes en direction du Sud. Il est question, par ailleurs, de "la réactivation du Conseil national du tourisme en vue de consolider l'action intersectorielle".