Le grand challenge à relever aujourd'hui est de parvenir à briser l'élan de la pandémie avant la rentrée sociale. Les nouveaux pics de contamination au coronavirus enregistrés ces dernières 48 heures font craindre le pire. Ils coïncident incidemment avec la fin du cinquième mois épidémique et l'entame du sixième en Algérie. Cinq mois de lutte acharnée et sans relâche pour tenter de limiter les dommages que ne cesse d'engendrer cette pandémie. La bataille risque de durer encore, comme le démontrent les derniers tableaux de répartition nationale de l'épidémie communiqués par l'instance de veille sanitaire. La dernière actualisation des chiffres de coronavirus montre, en effet, l'aggravation de la situation. L'Algérie a passé, largement, ce week-end, la barre de 675 cas par jour et a réalisé un taux d'incidence national qui avoisine les 60 cas pour 100 000 habitants. Les nouveaux cas de contamination annoncés hier par le Comité scientifique représentent, en termes d'incidence, un taux de 1,4 cas pour 100 000 habitants en 24 heures. Le total des cas confirmés s'élève ainsi à 26 159 cas positifs, ce qui fait un taux national d'incidence de 58,1 cas pour 100 000 habitants. Le premier cas de Covid-19 a, cependant, été officiellement déclaré le 25 février dernier. Il s'agissait d'un ressortissant italien qui était arrivé à Alger le 17 février. En fait, il n'a été confirmé positif qu'après une semaine entre Alger, Ouargla et Hassi Messaoud où il travaillait pour une compagnie italienne. Sans trop tarder, les autorités sanitaires étaient intervenues publiquement pour rassurer les Algériens pris déjà de panique, que toutes les personnes entrées en contact avec "l'importateur" du virus seront examinées et suivies, et ce, dans l'espoir d'enrayer l'épidémie qui était à ses premiers balbutiements. Une enquête de traçabilité du virus avait été mise en branle et avait touché tous les travailleurs de la base de vie située à 300 km de Hassi Messaoud. Le pays commençait ensuite à comptabiliser ses premiers transmetteurs "nationaux" de coronavirus. Au début du mois de mars dernier, quatre femmes originaires de Blida ont été testées positives. Le facteur déclencheur de ce premier cluster épidémique était un rassemblement familial dans le sillage d'une fête de mariage organisée dans la ville des Roses. Les investigations épidémiologiques déclenchées avaient conclu que le principal vecteur transmetteur de la pathologie invisible n'était autre qu'un émigré octogénaire. Depuis, les épidémiologues recrutaient d'ailleurs les premiers contaminés en Algérie parmi les "invités de marque" de la fête de mariage. Après Blida déclarée épicentre de la pandémie, la wilaya de Mascara ne tarda pas à déclarer son premier cas. Et la suspicion d'autres cas est signalée dans d'autres régions. Notre pays enregistre plus tard son premier décès, le 12 mars précisément. Au passage, l'instance de veille sanitaire annonçait jusqu'à hier vendredi un total de 1 136 décès dus au coronavirus. D'ailleurs, c'est un peu l'unique satisfaction dans cette bataille, et ce, après la généralisation de la chloroquine qui a contribué à la baisse du nombre de décès. Cinq mois après, le virus continue à circuler et à s'accélérer sur l'ensemble du territoire national. Les premières analyses épidémiologiques font conclure que la circulation du coronavirus était toujours intrafamiliale en mars.
Comment stopper l'élan de la pandémie Ce retour en force de la maladie suggère que les habitudes de contact familial sans se protéger favorisent l'augmentation du nombre de contacts à risques, soit bien avant les premières alertes du Comité scientifique de suivi de l'évolution de l'épidémie, installé le 23 mars. Le comité en question rappelle l'importance du respect des gestes barrières de prévention et de protection contre l'épidémie. La propagation du coronavirus était encore au stade local. La pandémie suit alors son expansion au point de gagner les 48 wilayas. Le premier cas a été détecté vers la dernière semaine d'avril dans la 48e wilaya, Tindouf en l'occurrence. La transmission du virus est désormais nationale. Le mois d'avril reste tout de même une date charnière dans la bataille contre la pandémie. Le 2 avril, l'Algérie franchit la barre des 100 morts et des 1 000 cas de personnes contaminées. La fin de ce même mois restera marquée par l'enregistrement de 5 000 porteurs du virus. Comparativement à certains pays, notamment en Europe, la situation reste relativement sous contrôle durant cette période charnière, et ce, grâce à nombre de mesures de prévention, tel le dispositif de mise en quatorzaine sanitaire de la population qui a été maintenu jusqu'au 7 juin dernier. Les deux principaux indicateurs de surveillance du Covid-19, sur lesquels se basent les autorités sanitaires pour suivre l'évolution de l'épidémie, étaient intéressants et rassurants après la fête de l'Aïd el-Fitr au point de parler d'une mini-victoire. En fait, les taux d'incidence et de positivité relevés après l'Aïd plaidaient pour déclarer un "exploit d'étape". Mais ce mini-succès contre la Covid s'est vite dissipé. Les cas cumulés de la contagion dépassent la barre de 10 000 cas à partir de la fin du mois de juin. Les alertes des autorités n'ont pas suffi pour stopper l'élan de l'épidémie. Les chiffres de contamination explosent en un laps de temps très court. Ils sont passés à trois chiffres. Ils ont carrément quintuplé au point de surpasser le cap de 600 personnes positives à la PCR par jour. L'inquiétude gagne alors les hautes autorités du pays au point de décréter des mesures exceptionnelles pour faire face aux flux incessants de malades qui défilent au quotidien dans les urgences. Cette crainte s'est accentuée durant ces dernières semaines de juillet, qui prélude l'entame du sixième mois de la pandémie. Le personnel soignant enregistre chaque jour que Dieu fait de nouveaux cas parmi eux au point de dépasser la barre des 3 500 contaminés et plus de 50 décès. Les professionnels redoutent à présent l'affaissement du système national des soins. Les administrations des hôpitaux n'excluent pas dans les prochains jours d'aller jusqu'à réquisitionner d'autres structures dédiées à des urgences d'un autre type de pathologie. Surtout que la part des lits de réanimation occupés dans les hôpitaux est en train d'augmenter. De nombreux établissements n'arrivent toujours pas à satisfaire les demandes d'hospitalisation. Le grand challenge à relever aujourd'hui est de parvenir à briser l'élan de la pandémie avant la rentrée sociale prévue en octobre, soit bien avant l'alerte pour l'avènement de la deuxième vague. Le temps a fini par donner raison et confirmer le bien-fondé de l'alerte de l'OMS donné pour l'Algérie au début du mois de juin, mais les autorités sanitaires, encore sous l'effet "euphorique" du mini-succès enregistré après la fête de l'Aïd el-Fitr, ont réfuté les prévisions épidémiologiques faites par l'OMS qui disait craindre une hausse du nombre de cas de Covid, notamment en Afrique du Sud, en Algérie et au Cameroun.