Les décisions du sommet de lundi "reposent sur des approximations très improbables", estime la coalition de l'opposition qui compte reprendre son mouvement de désobéissance civile après les fêtes de l'Aïd. L'opposition malienne, réunie au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), a rejeté les conclusions du sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) de lundi sur le Mali, alors que le président contesté, Ibrahim Boubacar Keïta, a entamé leur application par la mise en place d'un cabinet restreint de six ministères régaliens. Ce cabinet aura pour mission de former le futur gouvernement d'union nationale, comme cela avait été proposé par les 15 pays membres de la Cédéao. "Le M5-RFP, réaffirmant sa détermination à mener son combat pour sauver le Mali menacé de disparition en tant qu'Etat, nation, démocratie et république laïque, exige plus que jamais la démission d'Ibrahim Boubacar Keïta et de son régime qui portent l'entière responsabilité de cette sinistre perspective pour notre pays", lit-on dans le communiqué de cette coalition, regrettant le fait que cette organisation régionale "continue de ramener la crise sociopolitique au Mali à un simple contentieux électoral du deuxième tour du scrutin législatif". Dans ses conclusions, la Cédéao a exigé la démission des 31 députés mal élus aux législatives du printemps dernier et la tenue d'un scrutin législatif partiel, ce que rejette évidemment le M5-RFP, considérant que les décisions du sommet de lundi "reposent sur des approximations très improbables, telles que la démission hypothétique de députés dont l'élection est contestée, l'injonction faite à Ibrahim Boubacar Keïta d'user de pouvoirs exceptionnels constitutionnels pour une reconstitution au forceps de la Cour constitutionnelle, la composition partielle d'un gouvernement", ajoute le même communiqué. "Le M5-RFP réitère son exigence d'actions judiciaires y compris devant la Cour pénale internationale (CPI) contre les auteurs, commanditaires et complices des tueries et exactions commises contre les manifestants à mains nues par les Forces spéciales antiterroristes (Forsat), tant à Sikasso qu'à Bamako, dans les rues, les domiciles et les lieux de culte, et sa demande de libération de l'honorable Soumaïla Cissé, chef de file de l'opposition", enlevé à la veille du premier tour des législatives du 29 mars. Par ailleurs, les menaces de sanctions, brandies par la Cédéao, risquent d'aggraver la crise qui secoue le Mali depuis deux mois. Dans son document final, sanctionnant son sommet extraordinaire, la Cédéao a annoncé la mise en place "d'un régime de sanctions contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation de cette crise", suscitant une réaction de dénonciation immédiate des leaders du M5-RFP. La Cédéao a signifié à l'opposition malienne que la démission d'IBK est "une ligne rouge", lors des deux tentatives de médiation qu'elle a menées récemment pour désamorcer cette nouvelle crise, qui se greffe à une situation sécuritaire et socioéconomique catastrophique dans le centre et le nord du Mali depuis 2012. Exprimant sa "profonde préoccupation", le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté, lundi soir, les parties maliennes à suivre les recommandations de la Cédéao "sans délai", ont rapporté les agences de presse. "Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les parties maliennes à suivre ces recommandations sans délai, afin de surmonter les tensions, de donner la priorité au dialogue et de s'abstenir de tout acte susceptible d'alimenter les tensions et de menacer l'Etat de droit", selon un communiqué des Nations unies.