La médiation ouest-africaine a annoncé jeudi soir la tenue d'un sommet d'urgence lundi pour faire sortir le Mali de la crise politique. Pour l'opposition, seule la démission du président IBK est en mesure de sauver le pays de l'impasse. Les cinq chefs d'Etat ouest-africains, arrivés jeudi à Bamako, sont repartis bredouilles, après un nouvel échec de leur tentative de médiation dans la crise qui oppose leur homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta au Mouvement du 5 Juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) depuis presque deux mois. "Nous avons décidé de faire un compte rendu à l'ensemble des chefs d'Etat de la Cédéao dans le cadre d'un sommet extraordinaire qui est convoqué pour le lundi" 27 juillet, a déclaré aux médias Mahamadou Issoufou, ajoutant que des "mesures fortes pour accompagner le Mali" seront prises lors de ce sommet qui se déroulera par visioconférence, ont rapporté les agences de presse. "Que nos hôtes comprennent que le problème du Mali n'est ni les élections ni de gouvernement d'union nationale, mais IBK", a rétorqué Choguel Kokalla Maïga, un des leaders du M5-RFP, dans une déclaration à la presse malienne, à l'issue de la rencontre avec cinq chefs d'Etat (Macky Sall du Sénégal, Mahamadou Issoufou du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d'Ivoire, Nana Akufo Addo du Ghana et le Nigérian Muhammadu Buhari). Dans le document remis par la coalition de l'opposition aux représentants de la Cédéao, le M5-RFP explique que le nœud de cette crise est la personne d'IBK, qui a échoué dans sa mission, en l'abandonnant "à des personnes qui n'en ont ni la légitimité, ni les compétences requises, ni même le souci du devenir du Mali". Par voix de conséquence, et "après avoir essayé, sans succès, toutes les voies du dialogue et celles de droit pour résorber les conséquences de la crise", le M5-RFP a réaffirmé sa volonté de poursuivre ses manifestations pacifiques à travers le Mali et dans la diaspora "pour amener M. Ibrahim Boubacar Keïta à prendre lui-même la décision de démissionner de la présidence de la République du Mali", lit-on dans ledit document. Mais la démission d'IBK demeure un pari difficile à gagner face au refus de la Cédéao qui considère cette option comme une "ligne rouge". Pour le président nigérien, Mahamadou Issoufou, dans une déclaration à RFI, "le départ du président IBK est sans ambiguïté une ligne rouge pour la Cédéao. Faire partir le président IBK aujourd'hui, alors qu'il a été élu démocratiquement par le peuple malien, serait anticonstitutionnel pour la Cédéao". L'influent leader religieux au sein du M5-RFP, l'imam Mahmoud Dicko, a estimé quant à lui que "les jeunes gens qui ont perdu la vie ne l'ont pas perdue pour rien. Je pense que rien n'a été fait pour le moment", en référence aux onze manifestants tués à Bamako lors des manifestations du 10 juillet, réclamant le départ d'IBK, la dissolution de l'Assemblée nationale et la formation d'un gouvernement de transition rapidement. En face, la Cédéao propose un gouvernement d'union nationale, dont 50% des ministres seront issus du parti au pouvoir, ce que rejette le M5-RFP, qui exige une réforme profonde de l'Etat et de la gouvernance au Mali. Lyès Menacer