Les pouvoirs publics évoquent des indemnisations en nature, contrairement aux années précédentes où les victimes avaient bénéficié d'indemnités financières. La Caisse régionale de la mutualité agricole (CRMA) de Tizi Ouzou vient de débloquer la somme de 1,8 million de dinars à l'effet d'indemniser des céréaliculteurs dont les champs ont été détruits par les incendies qui ont ravagé des milliers d'hectares dans la région, ces dernières semaines. "Une somme totale de 1,8 million de dinars sera versée pour indemniser les céréaliculteurs qui ont contracté une assurance auprès de notre Caisse", a précisé, à l'APS, le directeur de la CRMA, Madjid Hamdad. Il a souligné que trois dossiers de céréaliculteurs qui ont perdu leurs récoltes durant ces incendies ont été examinés, puis validés par la CRMA. Selon le même responsable, les céréaliculteurs concernés par ces indemnisations sont respectivement de Souamâa, avec 13 ha de céréales brûlés, de Drâa El Mizan, avec 2 ha détruits, et des Ouadhias, avec 1 ha parti en fumée. "Toutes les démarches ont été finalisées et ces trois dossiers concernés recevront leur indemnisation ces jours-ci", a-t-il assuré. Cependant, le directeur de la CRMA a regretté la faible adhésion des agriculteurs de la wilaya à la police d'assurance que propose la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA). "C'est le cas notamment à Souamâa où des agriculteurs ont perdu leurs récoltes mais ne peuvent prétendre à une indemnisation car ils n'ont pas contracté d'assurance auprès de la CRMA", a-t-il indiqué. À ce titre, il y a lieu de rappeler qu'après le cauchemar vécu par les agriculteurs et éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou durant l'été 2017, la CRMA de Tizi Ouzou avait mené une vaste campagne de sensibilisation auprès des agriculteurs à l'effet de protéger leurs récoltes et cheptels en leur demandant de souscrire des polices d'assurance, mais peu d'entre eux y ont répondu. Ayant été indemnisés à l'époque dans le cadre d'une cagnotte spéciale débloquée par le gouvernement, de nombreux agriculteurs n'ont sans doute pas jugé utile de recourir à des assurances, croyant que le gouvernement allait voler à leur secours comme en 2017. Pourtant, selon les explications du directeur de la CRMA, la police d'assurance est loin d'être coûteuse. L'inscription à la police d'assurance de la CNMA est, dit-il, de 1 300 DA/ha et le remboursement se fait sur la base du rendement déclaré à l'hectare. "Nous remboursons la valeur du rendement prévu sur la parcelle détruite par le feu. Cela permettra au céréalier de relancer son activité la saison d'après", a-t-il précisé dans ce sens. À souligner que selon le bilan fourni par la Conservation des forêts, bien que la wilaya de Tizi Ouzou soit classée, cet été, en première position au niveau national en termes de dégâts causés par les feux de forêt, les pertes subies par les agriculteurs restent de loin moins importantes que celles enregistrées durant l'été 2017, mais sont quand même jugées considérables cette année. En effet, selon la Conservation des forêts, sur les 2 675 hectares ravagés par les flammes, 715 ha sont des forêts, 837 sont des maquis, 804 ha sont des broussailles. Les terres agricoles et les arbres fruitiers couvrent 317,5 hectares. S'il est vrai, toutefois, qu'avec un taux de 58%, la superficie ravagée par les incendies se compose de propriétés privées, il n'en demeure pas moins que ce sont des terrains pour une bonne partie d'entre eux en état d'abandon. À noter également que les propriétaires des oliveraies sont les plus gros perdants, suite à ces incendies de forêt. N'étant pas assurés contre les incendies, même ceux d'entre eux qui voulaient souscrire une assurance s'en trouvent de ce fait exclus. K. Tighilt