Dans une déclaration rendue publique hier, le Forum démocratique (FD), une association fondée par des Algériens en France, “en appelle solennellement à tous les Algériens afin qu'ils ne cautionnent pas” la charte sur la paix et la réconciliation nationale qu'il considère comme “une énième et grave violence faite aux victimes du terrorisme et à leurs familles”. “Les pouvoirs algériens n'ayant à ce jour jamais organisé un scrutin libre ni respecté les suffrages, seul un boycott actif, citoyen et républicain (…) sera significatif pour rejeter cette charte”, lit-on encore dans la déclaration. Le Forum démocratique justifie ce rejet par le refus du pouvoir de permettre un débat sur un sujet “aussi structurant dans la vie d'une nation en voie de stabilisation” et par “le mépris affiché envers les partis politiques, les organisations de la société civile et les associations représentatives des victimes du terrorisme”. Ce n'est pas le seul reproche du FD à la démarche du président de la République, car il constate, par ailleurs, que “c'est bien la première fois (…) qu'une institution à l'origine d'un référendum demande aux électeurs de ne pas se prononcer sur le texte soumis au vote, mais sur ce qui peut se trouver entre les lignes”. D'où cette conclusion ironique du Forum démocratique : “Après l'invention de la grâce amnistiante, voici le temps du référendum virtuel.” Cette organisation que dirige M. Zoheir Rouis va jusqu'à s'interroger sur “ces notions de paix et de réconciliation dans un pays qui ne connaît pas de guerre civile mais lutte contre le terrorisme”. En raison de l'impossibilité, voire du refus d'identifier ceux parmi les terroristes qui ont commis des massacres collectifs, des viols et des attentats à l'explosif dans des lieux publics, “cette charte n'en consacre pas moins, sans justice ni sollicitation de pardon aux victimes et à la nation, une amnistie réelle aux terroristes”, estime le FD ; de ce fait, il assimile cette charte à “une prime à la violence et au terrorisme au moment même où les Etats du monde, occidentaux comme musulmans, redoublent d'effort dans la lutte contre ce fléau”. F. L.