La rencontre, qui devait réunir, dans la daïra des Ouadhias, les archs non dialoguistes avec les organisations et les partis politiques opposés à la charte pour la paix et la réconciliation nationale, n'a pu finalement avoir lieu faute d'autorisation que les autorités auraient refusé de leur délivrer. Dans une déclaration rendue publique hier, l'interwilayas des archs non dialoguistes estime qu'à travers cette interdiction qui ne dit pas son nom, “le pouvoir assume, encore une fois, pleinement ses actes dictatoriaux contre les forces d'opposition démocratique qui ne cadrent pas avec ses options politiques en les réprimant avec des pratiques de non-droit visant la restauration d'un régime brejnévien”. Pour les délégués de cette aile, “le pouvoir, au lieu de répondre aux revendications démocratiques de tout un peuple, a préféré répondre par une charte qui garantit l'impunité des crimes qui est en violation de toutes les conventions internationales ratifiées pourtant par l'Etat algérien”. Rappelant les sacrifices consentis dans la guerre contre le terrorisme, les délégués du mouvement citoyen disent “ne pouvoir cautionner l'absolution des assassinats commis contre toute une société par les gendarmes et les terroristes élus au pardon dans le projet de Bouteflika imposé au peuple”. Ainsi donc, l'interwilayas qui continue de revendiquer “un châtiment exemplaire contre les ordonnateurs et les auteurs des crimes commis en Kabylie” a décidé de rejeter la charte dans le fond et dans la forme et “appelle le peuple à la rejeter d'une manière active et massive”. De leur côté, les coordinations des Ouacifs et Ath Zmenzer, qui ont toujours prôné la voie de la réconciliation entre les deux tendances des archs, ont rendu publique une déclaration pour s'exprimer au sujet de la charte pour la paix et la réconciliation qu'ils trouvent “truffée de non-dits prémédités qui peuvent donner matière à diverses interprétations alors qu'il est d'usage d'appeler le peuple à se prononcer par voie référendaire sur des questions précises et claires ne souffrant aucune ambiguïté”. D'autres raisons encore telles que l'absence de débat et la culpabilisation des voix opposantes à cette charte jettent, de l'avis de ces deux coordinations, “la suspicion sur ce projet que le pouvoir veut faire passer de manière unanimiste comme à l'accoutumée”. Abordant le fond de la charte, les coordinations des Ouacifs et Ath Zmenzer expliquent qu'“elle consacrera l'impunité et l'enfouissement de la vérité alors que les parents des victimes ont le droit de réclamer justice et la société en général de savoir ce qui s'est passé pour se prémunir contre de nouvelles épreuves à l'avenir”. Il s'agit pour cette troisième tendance des archs “de réconcilier les deux protagonistes du conflit au détriment du peuple convié seulement à bénir ce projet qui assurera des pouvoirs exorbitants à Bouteflika afin de consacrer un autoritarisme avalisé par le peuple”. “C'est une duperie manifeste que nous devrions de surcroît applaudir”, s'exclame-t-on dans cette déclaration, à travers laquelle il est expliqué que la réconciliation qu'attend le peuple est “celle qui le réconcilie avec son identité, en officialisant tamazight, avec son histoire, en éclairant toutes ses zones d'ombres”, il s'agit encore, pour ces coordinations, de réconcilier l'Etat et la société au niveau socioéconomique, et ce, par le bannissement de la corruption, de la hogra et de l'impunité et de réconcilier les Algériens avec la véritable pratique démocratique pouvant permettre un choix libre et non orienté par le biais d'une administration aux ordres et des médias exploités outrageusement au profit du pouvoir en place. Ainsi, et comme seule réponse jugée appropriée, les deux coordinations appellent au rejet de la charte “afin de ne pas compromettre l'avenir et asseoir une perspective salutaire permettant d'instaurer une véritable démocratie”, conclut-on dans la déclaration. Samir Leslous