Colère, frustration et incompréhension marquent l'état d'esprit d'une grande partie des fonctionnaires et des retraités à l'approche de la rentrée sociale. Avec les factures d'électricité, d'eau, de téléphone à payer, et les "vacances gâchées" qu'ils tentent tant bien que mal de rattraper, les salariés, les retraités et les responsables de famille se retrouvent toujours et encore par centaines devant les bureaux de poste des différentes communes de la wilaya d'Alger pour retirer leurs salaires et pensions. En effet, des images que l'on voit depuis le début du mois de juillet dernier persistent, malgré les mesures annoncées par le gouvernement et les responsables d'Algérie Poste pour pallier la pénurie de liquidités. Les longues files d'attente n'ont pas cessé et les perturbations, comme en témoignent les centaines de personnes massées à l'entrée des bureaux de poste, mettent en évidence la situation de "mauvaise gestion du réseau postal national", comme observé par de nombreux citoyens. "Mon numéro de ticket est le 250, et c'est depuis 8h que j'attends mon tour. L'argent est disponible mais, comme d'habitude, le réseau est bloqué depuis voilà maintenant deux heures", témoigne une vieille retraitée, contrainte d'attendre de longues heures durant devant un bureau de poste à Kouba. "Cela fait trois jours que j'essaye de retirer ma pension et celle de mon mari malade. En vain", ajoute-t-elle. À la retraite depuis huit ans, Arezki a dû faire le tour des bureaux de poste de la capitale pour retirer sa pension. "Chaque mois, du 22 au 25, nous galérons pour avoir accès à notre propre argent. À l'approche de la période des versements de pension, les distributeurs ne sont plus opérationnels", déplore-t-il. Parfois, à Alger-Centre, au cœur même de la capitale, les retraités, raconte-t-il, "se donnent discrètement le mot, au milieu des files d'attente, pour savoir quel bureau de poste ou quel distributeur d'argent est fonctionnel". Pourtant, certains responsables d'agences d'Algérie Poste nient jusqu'à l'existence même d'un quelconque problème de liquidités ou de difficulté à effectuer des retraits d'argent. "Depuis le début du mois, aucune panne de liquidités n'a été détectée à notre niveau", nous affirme la responsable d'un bureau de poste à Aïn Naâdja (Alger), avant d'ajouter que "les clients se sont adaptés à cette nouvelle situation et aux restrictions imposées en raison de la Covid-19". Il est à rappeler que les perturbations au niveau des bureaux de poste continuent d'exister en dépit des mesures annoncées par le gouvernement pour freiner ce phénomène. Le président Abdelmadjid Tebboune avait jugé "inacceptable", le mercredi 12 août, lors de la réunion du gouvernement avec les walis, la non-disponibilité de liquidités dans les distributeurs et les bureaux de poste, et avait donné des instructions "fermes" pour parer à cette situation. Mais les plus de trois millions de retraités et une grande majorité des fonctionnaires qui disposent de comptes courants postaux, peinent toujours à toucher leur argent à temps.