La présidence de la République a annoncé que le référendum sur la Constitution aura lieu le 1er novembre prochain, soit dans moins de deux mois. Le projet, pour rappel, est l'un des engagements de la campagne électorale du chef de l'Etat. Lors d'un meeting qu'il a animé à Béchar, Abdelmadjid Tebboune, alors candidat à la magistrature suprême, avait déclaré qu'il allait "réviser l'actuelle Constitution et la loi électorale en vue de codifier les revendications du Hirak populaire (...)". Quelques semaines plus tard, Tebboune engage la révision et désigne un comité d'experts. Le professeur Ahmed Laraba préside le comité et prépare les amendements selon les axes arrêtés par le président de la République. Indépendamment de l'engagement pris par le chef de l'Etat pour une révision profonde de la loi fondamentale, c'est la quasi-absence du débat autour du projet qui pose réellement problème. L'on se rappelle que la mouture proposée depuis le mois de mai dernier n'a suscité aucune discussion et encore moins l'adhésion au projet présidentiel. Cet état de fait risque de se reproduire concernant la mouture finale que la Présidence devra proposer pour le vote. Ce qui peut être considéré comme un rejet de l'agenda politique officiel. Le mouvement populaire n'a pas dit son dernier mot malgré la parenthèse imposée par la crise sanitaire. Un retour à l'avant-Covid-19 n'est pas à écarter, compte tenu de l'absence de signes d'une bonne volonté de la part du régime, notamment la libération des détenus et le respect du principe de la libre expression. Contrairement à ce qui est attendu comme indices pouvant donner du crédit au discours officiel sur ce que sera la "nouvelle Algérie", les dernières arrestations dans les rangs des manifestants contredisent ce dessein. La contestation, née en février de l'année précédente, n'est surtout pas à amadouer, mais à prendre en compte dans sa dimension politique pour un réel changement de système de gouvernance. Il convient, ainsi, de faire avec pour s'assurer de l'aboutissement de chaque projet politique. Autrement dit, un boycott massif du référendum prévu en novembre sur la Constitution risque de dépouiller le texte de son assise populaire. Procéder autrement, soit par vote des deux Chambres du Parlement, si l'on juge par les amendements apportés qui ne toucheront pas aux équilibres des pouvoirs, reviendrait à délégitimer encore davantage la future loi fondamentale, du fait que ces deux institutions héritées de l'ère Bouteflika sont dénuées de toute légitimité. À ces écueils qui lestent la vie politique nationale s'est greffé le choix de la date. L'inauguration de la Grande mosquée d'Alger, le même jour, rajoute de la suspicion sur l'orientation idéologique que le pouvoir voudrait imprimer à son projet.