Trois des quatre dossiers de recours, introduits auprès du tribunal administratif par l'Eglise protestante d'Algérie (EPA), quant à la fermeture de cinq de ses lieux de culte dans la wilaya de Tizi Ouzou, ont été rejetés par le même tribunal, ont dénoncé les avocats de la défense. "La décision a été prise avec comme seule justification, la décision du wali étant légale, sans justification aucune et sans aucun texte de loi référent", ont-ils dénoncé dans un communiqué, à travers lequel, la défense a qualifié cette décision d'"abus d'autorité qui témoigne de l'allégeance, sinon de la soumission de l'appareil judiciaire au pouvoir politique". Tout en rappelant que ces lieux de culte ont été fermés depuis presque une année et sans aucun motif légal, la défense a estimé que "la communauté chrétienne et la défense ne baissent pas pour autant les bras et décident de se battre pour réparer cette injustice et faire valoir la liberté de culte, base fondamentale de la construction de l'Etat démocratique". Contacté, l'un des avocats de l'EPA, Me Kader Houali, a précisé que ces trois dossiers déboutés par le tribunal administratif concernent l'église de Makouda, de Boghni et celle de la nouvelle ville de Tizi Ouzou, alors que le quatrième recours, qui est toujours au niveau du tribunal, concerne l'église de Tigzirt. "Dans les motivations de l'arrêt du tribunal administratif, ils n'ont avancé aucun article de loi qui justifie la décision de fermeture de ces églises par le wali, c'est donc là un abus d'autorité flagrant. Ensemble avec les responsables de la communauté chrétienne, nous allons aller jusqu'au bout de notre combat", a commenté Me Houali. Pour rappel, 5 lieux de culte de l'Eglise protestante ont été fermés en 2019 à Tizi Ouzou et cela concerne la ville de Tizi Ouzou et les localités de Boudjima, de Tigzirt, de Boghni et de Makouda. Face à cette série de fermetures, l'EPA, qui dispose, dit-elle, d'un agrément délivré depuis 1974, avait dénoncé une volonté manifeste des pouvoirs publics de fermer les églises protestantes, alors que la liberté d'exercice de culte est garantie par la Constitution algérienne. "Paradoxalement, les autorités usent du prétexte de non-conformité à la réglementation, pour fermer les lieux de culte des églises protestantes", a-t-elle affirmé. "La loi de 2006, censée régir et organiser les cultes autres que musulman, s'est avérée dans les faits un arsenal juridique destiné, ni plus ni moins, qu'à museler l'Eglise protestante d'Algérie", a conclu l'EPA.