Des gangs armés sèment la terreur dans les quartiers et les villes du pays, parfois sous le regard impuissant des services de sécurité. Les citoyens vivent avec la peur au ventre. Les pouvoirs publics semblent plus que jamais décidés à en finir avec le phénomène de bandes criminelles qui sèment la terreur dans les quartiers des différentes villes du pays. En effet, à l'occasion du Conseil des ministres tenu dimanche 30 août par visioconférence et qui a examiné, entre autres, deux projets d'ordonnance dont deux présentés par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, dont celui sur la prévention et la lutte contre le phénomène de bandes de quartier, le président Tebboune a ordonné d'intensifier la lutte contre les bandes criminelles, tout en prenant une série de mesures à même de réduire cette criminalité. "Le président de la République, qui présidait une réunion par visioconférence du Conseil des ministres, a ordonné de lutter sans relâche contre le phénomène de bandes criminelles de quartier qui ont connu un pullulement ces dernières années, notamment dans les grandes villes, à la faveur de la faiblesse de l'autorité de l'Etat", lit-on dans le communiqué de la Présidence sanctionnant cette réunion. Aussi, le chef de l'Etat a mis l'accent sur l'"impératif" du "renforcement des mesures coercitives en vue de protéger les citoyens et leurs biens de ces bandes criminelles qui sèment le chaos, terrorisent les citoyens et s'adonnent au trafic de drogue en se servant de l'argent sale". Concrètement, le Président a décidé d'"interdire l'importation, la vente, la possession, l'utilisation ou la fabrication d'armes blanches, de sabres et de poignards, destinés aux bandes de quartier", mais aussi d'"exclure les personnes condamnées, membres de ces bandes, des procédures de grâce". Autre instruction donnée par le chef de l'Etat : "Instituer des mesures légales devant protéger les différents corps de sécurité, chargés de lutter contre ces bandes." À ce titre, le locataire du Palais d'El-Mouradia a recommandé d'"intensifier l'action de la Commission nationale et des sous-commissions locales créées dans le cadre dudit projet d'ordonnance soumis à débat, tout en impliquant la société civile dans la lutte contre cette criminalité passible de peines proposées allant de 5 ans à la perpétuité en cas d'homicide, assorties d'une amende allant jusqu'à 2 millions de dinars". Même le phénomène du kidnapping est dans le collimateur du président Tebboune qui a d'ailleurs chargé le ministre de la Justice d'"élaborer une loi contre le kidnapping pour préserver la sécurité des citoyens et de leurs enfants". Le 11 août dernier, à l'occasion de l'installation du nouveau président près la Cour d'Alger, Mokhtar Bouchrit, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, avait assuré qu'"un projet de loi de lutte contre les phénomènes d'insécurité dans les quartiers était en cours de finalisation". Après avoir déploré la prolifération du phénomène des gangs qui "s'affrontent avec tous types d'armes blanches, y compris les sabres", M. Zeghmati avait alors soutenu que la justice "se doit de préserver la paix et la sécurité par tous les mécanismes juridiques et de faire preuve de rigueur dans leur traitement au vu de leur gravité". Après avoir enregistré une relative baisse en 2019, notamment avec le Hirak, la criminalité urbaine a repris du poil de la bête en cette année 2020, notamment avec le confinement. Les batailles rangées entre gangs rivaux, souvent armés de poignards, sont devenues monnaie courante, notamment dans les grandes villes comme Alger, Oran, Constantine ou encore Annaba, plongeant ainsi la société dans l'inquiétude et la peur. Rien q u'à Alger, les services de la Police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger ont traité durant le mois de mai dernier, pas moins de 2 851 affaires ayant entraîné l'arrestation de 2 070 présumés auteurs. En juillet, les mêmes services ont traité plus de 3 300 affaires ayant donné lieu à l'arrestation de près de 4 000 suspects. C'est dire l'urgence d'une intervention ferme et musclée des autorités pour mettre un terme à cette spirale de violence.