Assurément, le président Bouteflika a raté, hier, une occasion historique de sceller la réconciliation avec la Kabylie. La déception provoquée par le président Bouteflika, hier, à Tizi Ouzou, est exactement à la mesure de l'attente que sa visite avait suscitée auparavant. Attendu particulièrement sur l'officialisation de tamazight, il a carrément fait l'impasse sur la question, se contentant de répéter cette vieille rengaine chère à tous les hommes du système : “Nous sommes tous des Amazigh, l'Islam nous a arabisés.” C'est de la monnaie de singe dont personne n'est dupe. Elle renseigne, au demeurant, sur l'incapacité du pouvoir, plus que jamais prisonnier de ses archaïsmes, ses préjugés et sa frilosité, à avoir des actes politiques forts, susceptibles de le réconcilier avec cette région qui, au-delà du rattrapage promis sur le plan économique, fait de la question identitaire, plus que des considérations du ventre, une affaire de principe. Ce qui est tout à son honneur en ces temps où, en haut lieu, on croit acheter la paix sociale en brandissant le miroir aux alouettes. Assurément, le président Bouteflika a raté, hier, une occasion historique de sceller la réconciliation avec la Kabylie. Avec cette dérobade, alors que le contexte politique est mûr pour une avancée, c'est d'une certaine façon le retour à la case départ avec tous les risques qu'elle fait planer. Et du coup, le processus de dialogue entre les archs et le gouvernement, dont la crédibilité est largement conditionnée par l'officialisation de tamazight, apparaît comme quelque chose d'insignifiant. Finalement, cette visite de Bouteflika fera partie de ces rendez-vous manqués entre la Kabylie et le pouvoir. N. S.