De nombreuses décisions aussi bien au plan politique qu'au plan socio-économique sont attendues. Jamais une visite du président de la République dans une wilaya du pays n'a autant polarisé l'actualité aussi bien en Kabylie qu'au niveau national. Et pour cause. Cette visite intervient dans un contexte particulier du fait qu'au plan politique, elle marque la fin d'une époque agitée. En effet, la visite d'aujourd'hui du président dans la capitale du Djurdjura est considérée, à juste titre d'ailleurs, comme un événement de taille au vu des divergences apparues ces derniers temps entre la population locale et le pouvoir central. En effet les ponts ont été coupés depuis les douloureux événements d'avril 2000, au point que la région a vécu une situation de «ni guerre ni paix». Aussi, cette visite, tant attendue, peut être interprétée comme le couronnement d'un long processus de dialogue entamé en 2003. Ce rendez-vous avec l'histoire nationale est, à plusieurs raisons, tout sauf ordinaire du fait qu'il marque la fin d'une époque houleuse de la région. Bastion du mouvement nationaliste, la Kabylie, jalouse de l'intégrité territoriale, a toujours été «frondeuse» envers le pouvoir. Des incidents de 1963 au Printemps noir en passant par les événements d'avril 1980, la Kabylie est restée fidèle à toutes revendications nationalistes et démocratiques. Aujourd'hui, la crise semble enterrée et la Kabylie réapprend à vivre. Aussi, la visite de Abdelaziz Bouteflika, qui se rend à Tizi-Ouzou en tant que président de tous les Algériens, sera considérée par la population locale et limitrophe comme un coup de starter au développement économique et social d'une région qui a trop souffert d'un marasme longtemps dénoncé par une population en mal de perspectives. Intervenant dans le cadre de la campagne référendaire pour le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale, la visite de Abdelaziz Bouteflika à Tizi-Ouzou, la première depuis sa réélection à la magistrature suprême, sera mise à contribution pour réconcilier, une fois pour toutes, une région frondeuse du pays avec le pouvoir d'une part et avec elle-même d'autre part. Parce qu'elle intervient également après tout le travail effectué par le chef du gouvernement avec les archs de Kabylie pour mettre un terme à la situation qui prévalait dans cette région durant un peu plus de 3 années, cette visite ne peut-être que salutaire pour la région. Aussi, il n'est pas exclu que le chef de l'Etat prenne de nombreuses décisions aussi bien au plan politique qu'au plan socio-économique prises dans le cadre du règlement de la crise et la satisfaction de la plate-forme d'El Kseur. Certains observateurs vont jusqu'à avancer la concrétisation officielle de tamazight sans référendum. «Nous attendons que le pas soit franchi vers l'officialisation de la langue amazighe d'autant plus que ce n'est qu'à ce prix qu'elle sera à l'abri des surenchères politiciennes et que le peuple algérien sera réconcilié avec son histoire millénaire et son identité», souligne le Mouvement culturel berbère dans un communiqué qui rappelle que par le passé, il s'est félicité de la décision du président de la République de constitutionnaliser la langue amazighe pour la première fois dans l'histoire du pays. «Un acte ayant permis à une langue de se raffermir et au peuple de recouvrer sa personnalité. C'est d'ailleurs à juste titre que la charte pour la paix et la réconciliation en fait référence», ajoute le document. Une telle décision coupera définitivement l'herbe sous les pieds de ceux qui font de la question de tamazight leur fonds de commerce pour justifier leur existence sur la scène politique de la région. Pour le MCB, la visite du chef de l'Etat est une occasion pour rétablir la confiance, redynamiser une économie régionale en panne et impulser un nouveau souffle à un développement durable créateur d'emplois et tourné vers les exigences de l'avenir. Un avenir qu'entrevoit la population locale sous de nouveaux auspices. Aussi, la visite d'aujourd'hui du chef de l'Etat à Tizi Ouzou sera une étape importante et son meeting devra être réconciliateur entre une région du pays et l'Etat, à défaut de se réconcilier avec le pouvoir central car les citoyens, hier, taciturnes à la chose politique ont redécouvert l'aptitude de reconnaître l'intérêt de la région qui ne peut s'effectuer que dans les structures de l'Etat. Habitué des grands rendez-vous et en fin orateur qu'il est, le président saura à coup sûr convaincre la population de contribuer à l'instauration de la paix et la réalisation de la réconciliation nationale. D'ailleurs, les appels au boycott visite n'ont eu aucun écho auprès de la population qui attend beaucoup de cette visite. Aussi, pour paraphraser Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République: «Nous pouvons diverger sur le système de pouvoir et le mode de gouvernance, mais nous n'avons pas le droit de diverger sur un projet qui prône la paix».