"La liberté d'informer est un droit fondamental qui doit être protégé", a déclaré, hier, la porte-parole du Quai d'Orsay. L'instance des droits de l'Homme de l'UE, la FIDH, RSF et d'autres organisations internationales et nationales ont dénoncé le verdict de la Cour d'Alger. Au lendemain de la lourde peine infligée par la Cour d'appel d'Alger au journaliste Khaled Drareni, des experts indépendants auprès du Conseil des droits de l'Homme de l'Organisation des Nations unies (ONU) ont appelé les hautes autorités algériennes à "annuler le verdict et à libérer le détenu". Bien que la durée d'incarcération déterminée par le tribunal de première instance a été réduite de trois ans à deux ans fermes, à l'issue du procès en appel, les experts onusiens jugent la sentence "encore grossièrement inappropriée car les accusations, portées contre lui, constituent une violation flagrante de la liberté d'expression, de la réunion pacifique et d'association". Ils reprochent aux dirigeants algériens d'utiliser "de plus en plus les lois sur la sécurité nationale pour poursuivre les personnes, qui exercent leurs droits aux libertés d'opinion et d'expression, et de réunion pacifique et d'association". Pour Mary Lawlor (rapporteur spécial sur la situation des droits de l'Homme), Irene Khan (rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression) et Nyaletsossi Voule (rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique), "Khaled Drareni et tous les autres qui sont actuellement en prison ou qui attendent d'être jugés simplement pour avoir fait leur travail et défendu les droits de l'Homme doivent être immédiatement libérés et protégés". Dans une déclaration de principe, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll, a affirmé : "La France réaffirme son attachement à la liberté de la presse et à la sécurité des journalistes, partout dans le monde (...) La liberté d'informer est un droit fondamental, qui doit être protégé." Mardi 15 septembre, l'Observatoire des droits de l'Homme (FIDH-OMCT) avait immédiatement incité à rendre au journaliste sa liberté ainsi qu'aux autres détenus d'opinion et "à cesser le harcèlement judiciaire à leur encontre". Presque simultanément, la présidente de la sous-commission des droits de l'Homme de l'Union européenne, Marie Arena, a commenté durement le verdict sur le fil d'actualité du Parlement européen. "La condamnation en appel à deux ans de prison ferme du journaliste Khaled Drareni verrouille le droit à la liberté d'expression dans un pays où la liberté de la presse a été chèrement acquise, mais sauvegardée. Il n'est pas de démocratie sans justice, ni de justice sans libertés. Les journalistes sont des défenseurs des droits de l'Homme. Qui d'autre peut garantir l'indépendance de l'information en Algérie ?!" a-t-elle asséné. Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, a posté un tweet dès l'annonce du jugement rendu par la Cour d'Alger : "Nous sommes scandalisés par l'entêtement aveugle des juges algériens qui viennent de le condamner (Drareni) à 2 ans de prison (en appel). Son maintien en détention est la preuve d'un enfermement du régime dans une logique de répression absurde, injuste et violente." RSF a, par ailleurs, organisé un rassemblement à Paris en soutien au journaliste en détention à la prison de Koléa. Son portrait géant a été accroché sur le fronton de la préfecture du 3e arrondissement de la capitale française. "La condamnation de Khaled Drareni est une violation des libertés (...) Le condamner pour atteinte à l'intégrité du territoire national suppose qu'il a divisé le pays, alors qu'il n'a fait que des couvertures journalistiques, et la participation à une manifestation ne s'applique pas à un journaliste qui couvre l'événement. Khaled Drareni est un détenu d'opinion. Nous demandons sa libération", a éclairé Me Mokrane Aït-Larbi. Le Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) est scandalisé par "... la poursuite de l'acharnement contre Khaled Drareni et tous les activistes et militants". Il interpelle les pouvoirs publics "sur les atteintes répétées aux libertés individuelles et collectives des Algériens" et exige "la libération de Khaled Drareni et de tous les détenus d'opinion injustement incarcérés".