Ce sont les gros clients, avec le complicité d'agents, qui sont les mauvais payeurs de la compagnie. Près de 197 milliards de centimes est le montant des factures impayées d'électricité et de gaz par les clients ordinaires de la DDE (direction de distribution d'Es-Sénia), relevant de la SDC (Société algérienne de l'électricité et du gaz), filiale du groupe Sonelgaz. Une somme arrêtée à fin août 2020 et qui souligne la sensibilité d'un dossier rendu encore plus délicat par la conjoncture sanitaire actuelle. Si Sonelgaz souffre de ses mauvais clients malgré les nombreuses campagnes de recouvrement, il faut dire que ces sommes restent relativement dérisoires face aux factures des grandes entreprises, administrations et collectivités locales de la wilaya d'Oran. À ce propos, lors de la tenue du regroupement des cadres dirigeants et syndicaux de Sonelgaz à Oran, en présence de l'actuel ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, alors PDG du groupe à l'époque, Achour Telli, président de la FNTIEG (Fédération nationale des travailleurs des industries électriques et gazières), a indiqué que ce n'est certainement pas l'abonné ordinaire qui vole Sonelgaz mais "ce sont les autres et les agents sont complices", faisant certainement allusion aux gros clients de la compagnie. Le recouvrement des créances est rendu d'autant plus problématique avec la crise sanitaire que connaît notre pays et qui impacte toutes les couches sociales. À ce sujet, l'entreprise se dit disposée à accorder des facilités à ses clients pour le recouvrement de ses dettes. On se rappelle que durant cette période de pandémie, Sonelgaz avait décidé de ne pas recourir à la coupure du courant électrique. En parallèle, cette décision des pouvoirs publics a entraîné un cumul des factures impayées. Faut-il alors s'attendre à un retour à la normale avec la fin de la crise sanitaire ? La situation risque d'être ingérable pour les ménages en délicatesse avec la compagnie, puisque Sonelgaz n'hésiterait pas à recourir à des coupures de gaz et d'électricité en cas de litige. Cette façon de faire n'est pas inédite, d'autant plus qu'elle avait déjà annoncé, il y a deux hivers, son intention d'entamer "une vaste opération de coupure d'alimentation électrique et de gaz en direction de ses abonnés ordinaires, mauvais payeurs". En novembre 2018, face aux difficultés rencontrées dans le recouvrement des créances dépassant 1046 millions de dinars, la DDE avait affirmé que l'opération en question ciblera "les mauvais payeurs qui n'ont pas honoré leurs factures", expliquant que "cette opération va être lancée après que toutes les tentatives à l'amiable furent utilisées par la direction pour le recouvrement des créances impayées" en direction "de nos abonnés ordinaires qui fuient le paiement de leurs factures". La DDE avait invité les mauvais payeurs "à honorer leurs factures le plus tôt possible", et dans le cas contraire elle avertissait qu'elle prendra "des mesures de dissuasion d'une manière stricte". Allons-nous encore une fois assister à de telles menaces malgré que les Algériens, particulièrement les familles indigentes, ont vu leur pouvoir d'achat dramatiquement touché ? La crainte est réelle, et nombre de ménages s'inquiètent de ne pouvoir honorer leurs factures même si un rééchelonnement est d'actualité. "Ça fait plus de cinq mois que je n'ai pas travaillé et avec la rentrée scolaire et tous les frais inhérents, je ne vois pas comment m'en sortir", s'interroge Salah, journalier de son état et père de cinq enfants.