Les autorités sanitaires auront à présenter et à expliquer, dimanche prochain, devant le président de la République, les différents scénarios envisageables liés à la rentrée scolaire 2020-2021 et à la réouverture des frontières. La question de la reprise des classes sans risque sanitaire et celle liée à la probable réouverture immédiate des frontières seront examinées et tranchées dimanche prochain à l'occasion d'un Conseil des ministres. Le déconfinement de ces deux secteurs-clés, à l'arrêt depuis mars dernier pour cause de Covid-19, passe inévitablement par une décision politique régalienne. Selon des sources généralement bien informées, les autorités sanitaires auront à présenter et à expliquer devant le président de la République les différents scénarios envisageables liés à la rentrée scolaire 2020-2021 retardée après une rupture de plus de sept mois à cause de la crise pandémique qui a ébranlé la planète tout entière. Nos sources précisent que c'est le président de la République qui a demandé aux autorités sanitaires de mettre au point les différents schémas possibles de protection sanitaire devant assurer la reprise des écoles, et ce, en fonction de l'évolution du coronavirus et des études d'anticipation épidémiologiques. L'instruction du Président est motivée par le principe que "l'Etat est l'unique responsable de la sécurité des citoyens". Néanmoins, les dernières situations épidémiologiques enregistrées à travers le territoire national plaident par une reprise graduelle à travers le territoire national. Les décomptes de contamination communiqués par le comité scientifique confirment cette nouvelle tendance baissière qui se poursuit depuis quatre semaines. Pour les autorités sanitaires, le challenge aujourd'hui est de préserver cet acquis tout en garantissant la reprise des classes. L'explosion des chiffres des contaminations par le coronavirus dans d'autres pays du monde, notamment chez nos voisins, a donné matière à réfléchir avant de décider d'une date de retour en classe. Les Tunisiens et les Marocains font face ces derniers jours à un boom "exceptionnel" épidémique. La flambée des chiffres en Tunisie (près de 1 000 cas hier) et le Maroc (plus de 2 800 nouveaux cas avant-hier) est, à première vue, liée à la reprise "hâtive" des écoles et à la réouverture "rapide" des frontières pour des considérations économiques après une stabilité épidémique qui aura duré plus de deux mois. Tendance baissière des contaminations Les autorités sanitaires algériennes ont en fait mis au point deux feuilles de route sanitaires pour la reprise des cours. Le premier scénario préconisé est d'envisager une rentrée scolaire dans les meilleurs délais, en tenant compte des tableaux épidémiologiques enregistrés depuis la fin du mois d'août, lesquels tableaux montrent bien la décrue "stabilisée" de la pandémie, surtout en baissant en dessous de la barre fatidique de 200 cas par jour. La proposition du Comité scientifique va dans le sens de répondre positivement à la doléance urgente des parents qui appréhendent beaucoup les retombées psychologiques et pédagogiques après cette longue période de décrochage scolaire, tout en veillant sur la protection des élèves et des enseignants. La reprise "rapide" des cours constitue en fait une revendication de premier plan pour les parents d'élèves qui craignent des répercussions graves à court et moyen termes sur leur progéniture. "Le principe retenu est de reprendre les cours à la mi-octobre, mais du moment que les résultats du bac ne seront pas disponibles avant la fin du mois en question, il serait alors plus intéressant de décaler encore de quelques jours, soit après la tenue du référendum sans pour autant annoncer une date, puisque celle-ci relève du domaine politique", nous a confié un expert du Comité scientifique. Cette parenthèse devra en fait permettre de réunir les conditions optimales devant assurer une rentrée nationale, non pas régionale, et ce, pour éviter un décalage pédagogique entre les régions. Notre interlocuteur n'a, néanmoins, pas manqué de souligner que tout ce mois d'octobre devra permettre de faire une halte d'observation, à l'effet de mesurer d'éventuelles "fluctuations" de la pandémie. "Cette période d'observation aidera les politiques à prendre la bonne décision qui sera irréversible pour ne pas affecter encore davantage le côté psychologique des enfants. Aujourd'hui, il est question aussi d'annoncer une reprise des classes sans pour autant mettre des millions d'enfants en danger. Le moindre rebond épidémique nous mettra inéluctablement dans une situation sanitaire embarrassante", soutiendra le membre du comité scientifique. La moindre flambée des contaminations durant cette période d'observation risque de retarder le retour en classe. D'où l'idée de reporter éventuellement encore la rentrée scolaire jusqu'à la fin de l'année, soit le deuxième scénario "échafaudé", mais il est fortement exclu. En fait, les experts sont si optimistes que même s'il y avait un effet rebond, il serait vite localisé, puisque le pays en entier reste totalement "étanchéifié" et la maladie ne circule pas entre les régions. Pour les scientifiques, le risque de boom épidémique est, a priori, exclu vu que les frontières sont jusque-là, encore fermées. Il ne faut pas perdre de vue que les deux premiers cas recensés en Algérie étaient venus de l'étranger. Le ressortissant italien originaire de Lombardie (fief de l'épidémie en Italie) et l'émigré octogénaire qui a séjourné une semaine durant à Blida d'où a démarré la Covid-19. Autrement dit, la suspension des vols a protégé le pays de cette épidémie mortelle qui, jusqu'à avant-hier, a tué 1 714 Algériens sur plus d'un million dans le monde.Les experts craignent que les voyageurs donnent naissance à de nouveaux foyers de contamination. Ils estiment, cependant, que si l'Algérie se trouve dans l'obligation de rouvrir les frontières pour des raisons purement économiques, les autorités sanitaires plaideront pour l'obligation et la généralisation des règles de contrôle sanitaire à travers tous les points d'entrée au pays, maritime, terrestre ou aérien. "Il sera ainsi intéressant en premier lieu de s'imprégner de la situation pandémique du pays émetteur avant de prendre une quelconque décision de reprise. En second lieu, il sera aussi nécessaire d'exiger de tout ressortissant national ou étranger désirant rentrer en Algérie d'être muni d'un certificat viral négatif récent d'au moins 72 heures", expliquera l'expert qui rappellera que le Comité scientifique n'est autre qu'un comité sanitaire. Nos sources préciseront à ce sujet que le ministère de l'Intérieur via la Police des frontières et le ministère des Finances via les douanes algériennes ont été aussi consultés, avant de se prononcer sur la réouverture des frontières. Nos sources rappellent que des séances de travail ont déjà été organisées entre les autorités sanitaires et les autorités compétentes au niveau d'Air Algérie, de la Société de navigation maritime, de la Police des frontières, pour réussir la réouverture des frontières avec le moindre risque sanitaire possible.