Jamais rentrée scolaire n'aura été aussi hypothétique, voire cacophonique, que la cuvée 2020-2021. À moins de 15 jours de la date initialement fixée, à savoir le 4 octobre prochain, on ne sait toujours pas si les 10 millions d'élèves rejoindront, à cette date, les bancs de l'école. Crise sanitaire oblige, les autorités n'ont encore rien décidé et ce, au grand désarroi de la grande famille de l'éducation nationale. Et comme pour rajouter une couche à la cacophonie ambiante, politiques et scientifiques se renvoient la balle quant à la partie qui décidera de la date de la réouverture des classes. Dimanche 13 septembre, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a soutenu que "la date de la rentrée scolaire 2020-2021 sera fixée suivant les rapports du Comité scientifique de lutte contre la Covid-19". Deux jours plus tard, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du Comité scientifique chargé du suivi de l'évolution de l'épidémie de coronavirus, a, quelque peu, remis les pendules à l'heure, en assurant que la décision sur cette question est du seul ressort du gouvernement. "Il faut comprendre que la décision, que ce soit pour la réouverture des frontières ou pour la rentrée scolaire, revient aux autorités, cela en fonction de ce que dira le Comité scientifique. Au comité, on ne peut pas décréter la date de la rentrée scolaire. C'est, tout comme la réouverture des mosquées, une décision du gouvernement. Les protocoles ont été faits, mais la question est de savoir s'ils sont applicables", a-t-il déclaré, le 15 septembre au site TSA, en précisant que le Comité scientifique n'est pas saisi sur ce dossier. En accordant, dimanche 20 septembre, une entrevue à des représentants de certains médias nationaux, le président Tebboune semble avoir coupé la poire en deux, en affirmant que la rentrée scolaire "ne pourra être effectuée qu'en concertation avec le Comité scientifique et les médecins". "Il est possible de programmer la rentrée scolaire en fonction de la situation pandémique de chaque wilaya", a-t-il ajouté. L'idée d'une rentrée "parcellaire'', c'est-à-dire au cas par cas et selon l'état épidémiologique de chaque wilaya, a gagné l'adhésion du Dr Bekkat Berkani qui n'est pas très chaud pour une rentrée scolaire nationale. "Je suis d'accord avec l'idée du Président", a-t-il dit, non sans préciser qu'une réunion sera tenue par les autorités pour rendre "effective" cette décision. Cela dit, le Dr Bekkat Berkani a insisté sur la responsabilité des autorités locales quant à l'application et au respect du protocole sanitaire. Si cette idée d'une rentrée scolaire "parcellaire'' semble faire son petit bonhomme de chemin, il reste que le flou demeure entier quant à la date de la réouverture des écoles. On s'en souvient, le ministère de l'Education nationale avait fixé, dans un communiqué datant du 15 juin dernier, la rentrée scolaire au 4 octobre 2020. Moins de 3 mois plus tard, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a démenti son ministre en soutenant, le 7 septembre à Blida, que "les autorités n'ont pas encore fixé la date définitive de la rentrée scolaire de l'année académique 2020-2021. Elle se fera sur la base des données relatives à la situation sanitaire liée à la pandémie de Covid-19". Autrement dit et jusqu'à preuve du contraire, les classes, une bonne partie du moins, peuvent ne pas rouvrir le 4 octobre prochain. Ce qui risque de provoquer l'ire des parents d'élèves qui sont contre tout report de la rentrée scolaire. "Nous sommes contre le report de la rentrée scolaire. Elle doit avoir lieu au plus tard à la mi-octobre", a lancé, catégorique, le président de l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE), Ahmed Khaled.