L'appel de l'Union nationale des conseils de l'Ordre des avocats à une grève de deux jours depuis hier a été respecté par les robes noires relevant de l'Ordre des avocats de la région de Constantine (Oarc) qui chapeaute les cours de justice des quatre wilayas de l'est du pays, à savoir Constantine, Skikda, Jijel et Mila. À Constantine, la plupart des avocats inscrits au barreau, dont le nombre avoisine les 1 500, ont répondu au mot d'ordre de débrayage. "L'Oarc qui est membre à part entière de l'Union nationale des conseils de l'Ordre des avocats ne peut se soustraire à cet appel", a estimé le bâtonnier de la région de Constantine, Tahar Bourayou. Considérant cette situation conflictuelle comme étant la résultante de certaines constrictions, impatiences et manque de sagesse dus essentiellement au poids des responsabilités qui pèsent aujourd'hui sur l'appareil judiciaire en général, Me Bourayou a soutenu : "Aussi bien les juges que les avocats subissent de lourdes pressions en raison de ces dossiers très importants et affaires qualitatives concernant les procès des symboles de la corruption dans le pays et de certains hommes d'affaires puissants." La concentration de tous ces procès dans la juridiction d'Alger, ainsi que le volume des dossiers entre les mains des juges et le nombres d'avocats, qui avoisine parfois les 70 pour une seule affaire, éreintent, selon lui, les juges et les avocats. Pour leur part, les avocats du barreau d'Annaba ont, eux aussi, boycotté, hier, toutes les audiences des tribunaux d'Annaba, d'El-Tarf, de Guelma, de Souk-Ahras et de Tébessa. Un mouvement qui a été largement suivi par les 1 500 robes noires dépendant de ces juridictions, sans pour autant influer sur le déroulement des audiences, regrette Me Abdelhalim Kheireddine, l'un des plus anciens avocats d'Annaba. Dans la capitale de l'ouest du pays, Oran, les 2 000 robes noires ont répondu à l'appel lancé par l'Union nationale de l'Ordre des avocats (Unoa) pour le boycott de l'activité judiciaire au niveau national. Contacté à ce sujet, Me Ahmed Mebrek, avocat agréé à la Cour suprême, a indiqué que les avocats ont suivi cet arrêt de travail de 48 heures à Oran, "ne serait-ce que par principe disciplinaire". "Dans certains tribunaux, les magistrats ont admis n'avoir pas reçu d'instructions de leur hiérarchie et qu'ils ne sont pas concernés par les décisions du bâtonnat". Commentant les incidents qui se produisent entre les avocats et les magistrats (Tizi Ouzou et Bordj Bou-Arréridj), il constate qu'un divorce s'est produit entre les deux parties. "On est arrivé à un point de non-retour et cette situation ne date pas d'aujourd'hui", déplore Me Mebrek. À Aïn Témouchent, les instances judiciaires de la wilaya ont été boycottées, hier, par les avocats, pour dénoncer le non-respect des droits de la défense par les magistrats. La grève générale de deux jours à laquelle a appelé l'Union nationale des conseils de l'Ordre des avocats a été largement suivie au niveau des quatre tribunaux et de la cour de justice d'Aïn Témouchent.