Trois suspects, dont l'auteur principal et deux de ses complices, ont été auditionnés par les enquêteurs. Le corps de la jeune B. Kenza, victime de l'assassinat perpétré dans la forêt de Feidh Gherib, à quelques kilomètres à l'est du chef-lieu de la commune d'El-Eulma (Sétif), a été inhumé hier au cimetière de la mechta Boutouil, commune de Benyahia-Abderrahmane, daïra de Tadjenanet (Mila). Une foule nombreuse plongée dans l'émoi et la consternation a assisté aux funérailles de la jeune femme célibataire, âgée de 32 ans, mortellement poignardée puis en partie brûlée (tronc et membres supérieurs) avant de rendre l'âme à la suite de ses blessures. Son corps a été découvert, mercredi 7 octobre vers 9h15, par des éléments de la Gendarmerie nationale. Le constat du crime a été effectué par un médecin légiste en présence du procureur de la République près le tribunal d'El-Eulma. Le corps de B. Kenza a été évacué vers la morgue de l'établissement public hospitalier Sarroub-El-Khathir de la ville d'El-Eulma à 27 kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Sétif. Selon des sources concordantes, la Gendarmerie nationale a immédiatement ouvert une enquête. À cet effet, trois personnes suspectes dont l'auteur principal (C. C.), trentenaire habitant le même quartier que la victime, et deux de ses complices, ont été auditionnées par les enquêteurs. Ce sont les parents du présumé auteur principal du crime, un marchand de fruits et légumes, qui, selon les mêmes sources, ont alerté la Gendarmerie nationale quand ils ont constaté des traces de sang dans le véhicule du benjamin de la famille et dont le mariage est prévu au début du mois de novembre prochain, soit dans une vingtaine de jours. Très touchée par la perte cruelle de sa nièce, la tante de la victime lâche : "J'ai adopté Kenza quand elle était bébé. Elle n'a jamais fait de mal à personne. Je demande que les auteurs de ce crime soient punis, voire condamnés à la peine capitale. Je demande aussi aux autorités compétentes de rétablir la peine de mort." Sous le choc, la mère de la victime ne s'explique pas pourquoi on a fait subir un tel sort à sa fille. La réponse sera connue incessamment car l'enquête est toujours en cours. "Le degré et la nature du crime sont en train de changer à cause des mutations sociales qui ont engendré, entre autres, les crimes contre les femmes. Notre société vit actuellement au rythme de ces changements qui se transforment en crimes contre les femmes. Aujourd'hui, on peut parler de féminicide", soutient le Pr Belgacem Nouicer, enseignant à la faculté de sociologie de l'université Mohamed Lamine-Debaghine (Sétif 2). "C'est une nouvelle société qui est en train de se former avec l'abandon des valeurs de notre ancienne société. La société actuelle, pour plusieurs raisons, ne reconnaît plus ces valeurs", a-t-il ajouté. "Bien que le concept n'existe pas officiellement dans le jargon juridique, les crimes vécus dernièrement, à savoir celui de Chaïma à Alger et de Kenza à Sétif relèvent du crime passionnel. Dans les analyses psychosociales, cela signifie que ces crimes sont commis alors que leurs auteurs sont en proie à une émotion violente. Cela veut dire qu'on est devant des cas sporadiques. Du coup, l'on ne peut généraliser ni pour les causes ni pour les circonstances", explique le Pr Noui Djemaï, enseignant à l'université Mohamed Lamine-Debaghine