M.Ouadjaout justifie sa décision par les circonstances particulières ayant marqué la session 2020. Cependant, en descendant sous la barre de 10/20, le bac perd toute sa rigueur scientifique. Le gouvernement a décidé de fixer la note minimale d'admission au baccalauréat à 9/20, selon le ministre de l'Education nationale, Mohamed Ouadjaout, qui en a fait l'annonce, hier, lors d'un point de presse en précisant que cette mesure intervient conformément au système de rachat contenu dans la loi y afférente de 2007. "Tous les candidats qui obtiendront une moyenne de 9/20 seront considérés comme admis", a, en effet, déclaré le ministre de l'Education, Mohamed Ouadjaout, expliquant que cette décision se justifie par les circonstances particulières de la session 2020, notamment l'interruption des cours en raison de la pandémie de Covid-19. Les résultats du bac 2020 seront publiés dans un proche avenir, soit dès la fin des délibérations en cours, a-t-il indiqué en outre. Pour autant, le ministère a expliqué, dans un communiqué, que cette décision s'inscrit dans le sillage des "dispositions et mesures exceptionnelles" liées à l'organisation des examens nationaux de la session 2020 en raison de la propagation de la pandémie de Covid-19. Et de rappeler les décisions d'annulation de l'examen de la 5e AP, de l'examen de l'enseignement moyen facultatif, du report de l'examen du baccalauréat, et de la limitation des sujets d'examen aux cours présentiels du premier et deuxième trimestres, en plus du passage des élèves de 4e année moyenne en 1re année secondaire. Cette décision, ajoute la même source, est destinée "à donner aux élèves l'opportunité de réussir leur parcours scolaire après huit mois de pression psychologique résultant du confinement à domicile, du décrochage scolaire et des conditions de santé difficiles qu'ils ont vécues du fait de la propagation du coronavirus". Pour leur part, les partenaires sociaux ont, à l'unisson, exprimé leur "étonnement", voire leur "déception" par rapport à cette décision. Ainsi, le coordinateur national du Syndicat national des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane, a estimé que "la décision n'est pas réfléchie et n'a pas fait l'objet d'un débat, puisque les spécialistes en pédagogie n'ont pas été consultés". Meziane Meriane a soutenu qu'il aurait été plus judicieux de "passer aux délibérations et au rachat", indiquant, toutefois, que "racheter les élèves qui ont eu entre 9 et 10 ne veut pas dire les faire tous admettre au baccalauréat, mais en tenant compte de certains critères, par exemple la moyenne de matières essentielles à l'examen du bac et la moyenne des matières essentielles pendant les deux trimestres. On délibère au cas par cas". Du côté pédagogique également, "on risque d'avoir dans le futur des grèves, un arrêt de travail, et les élèves vont demander aussi de passer avec 9 de moyenne", a affirmé le responsable du Snapest. Le porte-parole du Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (Cela), Zoubir Rouina, a exprimé son étonnement vis-à-vis de cette décision parce que, dit-il, "le baccalauréat est un examen d'évaluation de l'élève, pour valoriser son effort fourni durant l'année. Avec cette décision, on va remettre en cause cet effort. On contribuera à tuer en lui l'esprit de la concurrence. Que l'on ne vienne pas argumenter par l'intérêt de l'élève, qu'on connaît fort bien", a affirmé le dirigeant du Cela, qui conclut à "une décision politique, par excellence, et populiste". Le SG du Syndicat des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, qui s'est dit, quant à lui, "déçu" par cette décision prise par le MEN, ne mache pas ses mots : "C'est une décision inacceptable, une mascarade au sens propre du terme." Le Satef "a toujours refusé d'encourager la médiocrité, mais cette fois-ci, c'est la crédibilité du baccalauréat qui est touchée de plein fouet". Selon lui, les conséquences seront catastrophiques, parce qu'en temps normal déjà, les élèves qui ont leur bac avec une moyenne de 10, 11 et jusqu'à 13 ne trouvent pas la filière à choisir. "Alors que dire avec une moyenne de 9/20, quelle filière vont-ils choisir ? Je ne sais pas à quoi joue le gouvernement, car c'est une décision incompréhensible d'un gouvernement qui donne le bac en vrac à des fins politiciennes à l'approche des élections".