Le procès en appel de l'homme d'affaires Ali Haddad, condamné en première instance à 18 ans de prison ferme, s'est poursuivi hier, à la Cour d'Alger, pour le troisième jour consécutif, par l'audition des accusés Amar Ghoul, Boudjemaâ Talaï et Mahdjoub Bedda, tous d'anciens ministres du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Sans surprise, les trois prévenus ont tous nié les faits qui leur sont reprochés liés, entre autres, à la corruption, à la dilapidation de deniers publics ou encore à l'octroi délibéré d'avantages au profit du groupe d'Ali Haddad. Ils ont enfoncé, encore une fois, l'ancien président de la République et les ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, en affirmant que toutes les décisions qui ont été prises étaient en application des instructions de ces responsables. Interrogé en premier par le juge, l'ancien ministre des Travaux publics Amar Ghoul, condamné en première instance à une peine de 10 de prison ferme, s'est défendu d'avoir usé de sa qualité de ministre pour privilégier le groupe ETRHB d'Ali Hadad dans la passation de contrats et l'octroi de projets publics. Affaibli et la voix tremblante, l'inénarrable "père de l'autoroute Est-Ouest", comme l'a appelé le juge, a soutenu avoir agi en conformité avec les instructions de l'ancien président de la République Abdelaziz Bouteflika et du gouvernement de l'époque. "Toutes les décisions que j'ai prises en tant que responsable et ministre intervenaient en application des instructions du président de la République et des décisions du gouvernement", a-t-il affirmé, ajoutant qu'il n'avait "en aucun cas été informé" de dépassements dans les marchés conclus pour réaliser plusieurs projets, notamment celui de l'autoroute Est-Ouest ou encore le projet de la ligne ferroviaire reliant Tlemcen à Sidi Bel-Abbès et Lakhdaria à Bouira. Sur 5 000 projets dans le secteur des travaux publics attribués par l'Etat, "deux seulement ont été remportés par Ali Haddad à l'époque où j'étais responsable des Travaux publics", a justifié Amar Ghoul, qui estime, mieux encore, avoir travaillé en "toute sincérité" et même "en préservant les intérêts de mon pays". Deuxième à passer à la barre, Boudjemâa Talaï a, lui aussi, nié en bloc les faits qui lui sont reprochés. L'ancien ministre des Transports a réfuté toutes les charges retenues contre lui, affirmant ne pas s'être immiscé dans la gestion du projet de réalisation de la ligne ferroviaire Tlemcen-Sidi Bel-Abbès. S'agissant des affaires de corruption liées aux ports de Djen Djen, à Jijel, de Béjaïa ou encore celui d'Alger, Talaï a affirmé que "l'octroi des concessions à Ali Haddad, accordées en deux étapes, s'est fait avant qu'il ne soit en poste". "Les dossiers ont été lancés au moins un an et demi avant mon arrivée au ministère, et à mon époque, Haddad ne bénéficiait d'aucun mètre carré ni d'aucune concession au port de Jijel", a-t-il ajouté. L'ancien ministre de l'Industrie et des Mines Mahdjoub Bedda, accusé également des mêmes faits, a plaidé non coupable, prétextant qu'il n'avait été à la tête de ce secteur que pour une courte période, en 2017. "Je n'ai été ministre que pendant deux mois. Je n'ai même pas eu le temps de prendre des décisions d'octroi de projets publics", a-t-il soutenu.