Les anciens ministres des Transport et des Travaux publics, Amar Ghoul et Boudjemâa Talaï, ont comparu, hier, devant le juge d'instruction près la Cour suprême. Ces deux hauts responsables ont été auditionnés dans le fond et dans plusieurs affaires de grande corruption qui avaient émaillé ce secteur névralgique à l'ère du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, Amar Ghoul et Boudjemâa Talaï ont été entendus sur les procédures illégales et abusives d'octroi d'indus avantages dans les marchés et de contrats publics, dilapidation de deniers publics, abus de fonction, conflit d'intérêts et corruption avérée dans l'octroi des marchés publics. Aussi, cette audition s'inscrit dans le cadre de l'approfondissement de l'instruction judiciaire qui précède la programmation prochaine du procès des deux mis en cause. Ayant déjà comparu devant le même juge le 18 juin dernier, Amar Ghoul est poursuivi dans le cadre des affaires liées aux hommes d'affaires Ali Haddad et Mahieddine Tahkout. Après une enquête préliminaire de la police judiciaire relevant de la Section de recherche de la Gendarmerie nationale, le parquet général près la Cour suprême avait engagé les procédures judiciaires à son encontre après le renoncement volontaire à son immunité parlementaire au sein du Conseil de la nation. Un premier mandat de dépôt sera alors prononcé à son encontre dans l'affaire Ali Haddad. Une semaine plus tard, Amar Ghoul a été auditionné par le conseiller instructeur près la Cour suprême dans le cadre de l'affaire Mahieddine Tahkout, notamment "pour octroi délibéré d'indus privilèges à autrui lors de la passation de marché en violation des dispositions législatives et réglementaires et abus de fonction délibéré par un agent public en violation des lois et réglementations", avant d'être mis en détention provisoire et incarcéré à la prison d'El-Harrach. La même procédure a été engagée à l'encontre de Boudjemâa Talaï, également cité dans l'affaire du groupe ETRHB d'Ali Haddad. Député à l'Assemblée populaire nationale (APN), l'ancien ministre est, lui, accusé d'abus de fonction et de dilapidation de deniers publics. Ces accusations ont motivé la procédure du ministère de la Justice qui avait demandé, en juin dernier, la levée de son immunité parlementaire à laquelle le député a renoncé volontairement. Cité dans l'affaire Ali Haddad, Boudjemâa Talaï a été placé sous mandat de dépôt par le conseiller enquêteur près la Cour suprême "pour octroi d'indus avantages et abus de fonction", au préjudice du Trésor public dans le projet de la ligne ferroviaire reliant Relizane, le sud de Tiaret et la wilaya de Tissemsilt. FARID BELGACEM