Le représentant du ministère public a demandé 15 ans de prison ferme assortis d'un million de dinars d'amende contre Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Le procureur de la République près du tribunal correctionnel de Sidi M'hamed a rendu, hier, son réquisitoire dans l'affaire d'Ali Haddad. Ainsi, le représentant du ministère public a demandé de lourdes peines contre les accusés. Le procureur a requis 18 ans de prison ferme contre le patron de l'ETRHB, Ali Haddad. Le procureur a accusé Ali Haddad d'avoir utilisé l'entreprise espagnole FCC pour s'accaparer des projets. "On se demande si Haddad n'a pas utilisé l'entreprise FCC juste pour décrocher des marchés, ensuite elle se retire pour laisser tout à l'ETRHB." Il a ajouté que Haddad a reconnu avoir acheté un hôtel à Barcelone d'une valeur de 54 millions d'euros. Le procureur a demandé 10 ans de prison ferme contre tous les frères du patron de l'ETRHB. Le représentant du ministère public a demandé 15 ans de prison ferme assortis d'un million de DA d'amende contre Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et 20 ans contre Abdesselam Bouchouareb et un million de DA d'amende. 12 ans contre Amar Ghoul avec la même amende. 10 ans contre Abdelkader Kadi et une amende d'un million de DA. Le procureur a demandé 8 ans de prison ferme et un million de DA d'amende contre Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda, Boudjemaâ Talaï, Abdelghani Zaâlane et Amara Benyounès. Son nom a été cité quasiment par tous les accusés. Abdeslam Bouchouareb, ancien ministre de l'Industrie et des Mines, actuellement en fuite, est accusé dans pratiquement toutes les affaires de corruption. Il est sans conteste l'homme qui a le plus "manigancé" durant son règne dans le secteur de l'industrie et des mines. Avant-hier, lors des auditions des anciens ministres de l'Industrie, à savoir Mahdjoub Bedda, Youcef Yousfi et Amara Benyounès, le nom de Bouchouareb a été cité par tous ces accusés. Amara Benyounès, ancien ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, accusé pour l'octroi de deux cimenteries pour le groupe ETRHB, a souligné, lors de son audition, que l'opération d'octroi de ces cimenteries a été finalisée deux mois après son départ du ministère. Il a expliqué que le désistement de Gica de son titre minier au profit de Haddad "ne pouvait se faire au département du Développement industriel", puisque les mines "n'ont été rattachées à ce ministère qu'après mon départ", donc avec l'arrivée de Bouchouareb. Le juge a interrogé Benyounès, en détention préventive depuis juin 2019, sur deux correspondances adressées par Gica, l'une au secrétaire général du ministère du Développement industriel et l'autre autre au chef de cabinet du même département. En réponse à cette question, les avocats de Benyounès ont demandé au juge "une lecture publique" des deux correspondances pour, ont-ils dit, "permettre aux Algériens de saisir la portée de l'accusation" à laquelle fait face leur mandant. "Dans ces correspondances, Gica a demandé l'aide du ministère pour un éventuel partenariat", ont expliqué les avocats, regrettant "une traduction erronée de ces courriers du français vers la langue arabe". Reprenant la parole, Amara Benyounès a ajouté que c'était après son départ du ministère du Développement industriel, devenu plus tard ministère de l'Industrie et des Mines, que "la cession des cimenteries a été décidée au profit de Haddad". Il a ajouté que lors de l'instruction, le juge chargé d'instruire le dossier "avait tous les documents en sa possession". Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, anciens ministres de l'Industrie et des Mines, n'ont pas été en reste. Leur audition a, encore une fois, été à charge contre Abdeslam Bouchouareb. Dans ses réponses aux juges, Youcef Yousfi a souligné que dès son arrivée au ministère de l'Industrie, "je me suis attelé à mettre de l'ordre", précisant que son prédécesseur, Abdeslam Bouchouareb, "a laissé une dette de plus de 100 milliards de dinars". Le même montant sera confirmé quelque temps après par Mahdjoub Bedda. Après les ministres de l'Industrie, le juge a appelé Boudjemâa Talaï, ancien ministre des Transports et des Travaux publics, qui a rejeté les accusations portées contre lui, à savoir la signature des concessions au profit de l'ETRHB dans plusieurs ports. Pour les auditions d'hier, dans la matinée, c'est l'ancien ministre des Travaux publics Amar Ghoul qui a été appelé à la barre. Dans ses réponses sur "des avantages" accordés à l'ETRHB dans la réalisation de la rocade reliant Zéralda à Boudouaou et l'accès à la nouvelle aérogare d'Alger, Amar Ghoul a expliqué que "c'est le président Bouteflika qui nous a ordonné de lancer les travaux en urgence, car l'Algérie devait accueillir une rencontre de la Ligue arabe". Amar Ghoul s'est défendu en rappelant que "les deux projets ont été confiés au directeur des travaux publics et à l'Agence nationale des autoroutes (ANA), sous le couvert du Premier ministère et du ministre des Finances". Après l'audition de Ghoul, le juge a appelé les témoins et la partie civile. Pour les témoins, le juge Boudiaf a préféré suspendre les témoignages de plusieurs d'entre eux. Dans l'après-midi, il a programmé l'audition des parties civiles, dont le Trésor public, pour laisser place ensuite au réquisitoire du procureur, afin d'ouvrir aujourd'hui les plaidoiries.