Les sondages sont mauvais, son propre camp doute : en difficulté, Donald Trump s'est rendu vendredi en Géorgie et en Floride, deux Etats qu'il peut difficilement se permettre de perdre s'il veut l'emporter face à Joe Biden le 3 novembre. Rien n'est joué, bien sûr. Il reste 17 jours de campagne. "Nous allons assister à une vague rouge (la couleur des républicains, ndlr) d'une amplitude jamais vue", a lancé, depuis Ocala en Floride, le président américain, qui compte sur une intense campagne de terrain pour, comme en 2016, faire mentir les sondages. Optant pour un registre de plus en plus agressif – "Joe Biden est un désastre (...), Joe Biden est un politicien corrompu" –, le locataire de la Maison-Blanche jette toutes ses forces dans la bataille pour éviter que le "Sunshine State", qu'il avait emporté de justesse en 2016, ne bascule du côté démocrate. "Le jour de l'élection (...), nous allons infliger à Joe l'Endormi une défaite retentissante", a-t-il tonné devant une foule enthousiaste. Le président, 74 ans, s'est ensuite exprimé depuis Macon, en Géorgie, Etat où il avait largement devancé Hillary Clinton il y a quatre ans, mais où il est derrière Joe Biden, 77 ans, dans les derniers sondages. "Le fait d'être en concurrence avec le pire candidat de l'histoire de la politique présidentielle met la pression sur moi. Imaginez que je perde (...), que vais-je faire ? Je ne vais pas me sentir très bien, je devrais peut-être quitter le pays, je ne sais pas", a-t-il lancé devant une foule hilare. Mais la fébrilité est chaque jour un peu plus palpable dans le camp républicain. Selon les données transmises par l'institut Nielsen, le "town hall" (échange télévisé avec des électeurs) de l'ancien présentateur de télé-réalité jeudi soir a été moins regardé que celui de son adversaire démocrate (13 461 000 téléspectateurs contre 14 135 000). Les deux rendez-vous télévisés se sont tenus au même moment, à la place du débat qui avait été finalement annulé entre les deux hommes. Plusieurs ténors du "GOP" (Grand Old Party, le parti républicain) s'inquiètent désormais ouvertement d'un raz-de-marée démocrate. Après les doutes exprimés à haute voix par les sénateurs Ted Cruz et Lindsey Graham, c'est Ben Sasse, élu du Nebraska, qui a fait part de ses vives inquiétudes. Donald Trump est un dirigeant "médiocre", a-t-il affirmé, jugeant sa défaite probable, dans un enregistrement révélé par les médias. "Il se moque des évangéliques dans leur dos, sa famille a profité de la présidence comme une opportunité commerciale, il a flirté avec les suprémacistes blancs", a-t-il affirmé.