Selon le Care, la baisse des indicateurs suivis par les services de l'Agence nationale de l'emploi (Anem) reflète un ralentissement de la dynamique du marché du travail en Algérie. La double crise économique et sanitaire liée à la pandémie de coronavirus a profondément impacté le marché du travail en Algérie. "Sur la récente période, tous les indicateurs suivis par les services de l'Anem ont baissé", relève le Centre d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) dans son "tableau de bord de l'économie nationale". Selon le Care, la baisse des indicateurs suivis par les services de l'Agence nationale de l'emploi (Anem) reflète un ralentissement de la dynamique du marché du travail en Algérie. "Les demandes d'emploi, les offres d'emploi et les placements ont diminué en moyenne de 2% depuis janvier 2019", souligne le Think tank qui note qu'en moyenne, pour une offre d'emploi, deux demandes d'emploi sont formulées. En janvier 2019, L'Anem a enregistré 87 104 demandes d'emploi et 45 348 offres d'emploi. 33 734 placements ont été effectués. En avril 2020, l'agence a recensé 8 579 demandes d'emploi et seulement 5 423 offres d'emploi. Le nombre de placements effectués à atteint 4 383. Pour rappel, selon l'ONS, le taux de chômage en Algérie a atteint 11,4% en mai 2019. La crise sanitaire va-t-elle accentuer la difficulté des jeunes à accéder au marché de l'emploi ? s'interroge le Care. Selon certains experts, l'effondrement de l'activité économique devrait aggraver le taux de chômage cette année. Dans son rapport sur les perspectives de l'économie mondiale, publié récemment, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le taux de chômage grimpe à 14,1% l'année en cours et s'aggrave en 2021 pour atteindre 14,3%. Une enquête sur l'impact de la pandémie de coronavirus, réalisée par le ministère du Travail, évoquait environ 50 000 travailleurs algériens qui ont perdu leur emploi de manière provisoire ou définitive. Le site Emploitic a indiqué, en septembre dernier, que l'activité de recrutement a connu une forte baisse des annonces d'emploi estimée à -70% en avril 2020. "Même si une légère reprise a été constatée depuis le mois de mai, cela reste loin des chiffres de la même période en 2019", a signalé Emploitic. Une étude sur la croissance inclusive et l'emploi en Algérie, réalisée par le cabinet MHC International Ltd, dans le cadre d'une assistance technique du groupe de la Banque africaine de développement, évoque des dysfonctionnements sur le marché du travail avec un chômage qui touche de plus en plus les personnes instruites, les inégalités pour l'accès au marché du travail entre les hommes et les femmes et entre les jeunes et les adultes. Les femmes et les jeunes sont les plus discriminés sur l'accès à l'emploi. Les femmes et les jeunes sont aussi les plus touchés par la précarité sur le marché du travail, plus touchés par le sous-emploi et par l'emploi informel. L'analyse de l'offre et la demande de travail montrent que d'un côté, il y a de plus en plus de personnes instruites qui arrivent sur le marché du travail et, d'un autre côté, les emplois créés sont de plus en plus non qualifiés, d'où le dysfonctionnement grandissant sur le marché du travail algérien. Ces résultats remettent en cause tout le discours et les politiques visant à améliorer l'employabilité des jeunes arrivants sur le marché du travail. L'étude note que l'Algérie fait face à des défis multiples qui nécessitent la mise en place de réformes pour une meilleure gestion de la main-d'œuvre et un fonctionnement optimal du marché du travail. "L'opacité du fonctionnement du marché du travail représente une des contraintes majeures à une meilleure gestion de la main-d'œuvre", estime l'étude.