Une réception en l'honneur des femmes qui ont suivi des cours d'alphabétisation et décroché des diplômes a été organisée par l'association culturelle Tighri n'Ath Houalhadj. La région d'Aït Yahia Moussa est l'une des régions de Kabylie où le taux d'analphabètes est l'un des plus effarants, notamment pour la génération des années 1960/70. La gent féminine est la plus touchée. Mères de familles, elles ne savent ni lire ni écrire. Pour donner cette opportunité aux femmes au foyer, l'association culturelle Tighri n'Ath Houalhadj a initié — dès l'année dernière, des cours d'alphabétisation à cette frange de la société, ô combien responsable de l'éducation des générations futures ! En dépit du peu de moyens dont ils disposent, les membres de l'association ont consenti d'énormes sacrifices. “Pour l'année dernière, trente femmes ont suivi des cours donnés bénévolement par des jeunes filles du village. L'engouement est grandiose. Même si ces mères et autres filles ayant quitté précocement l'école pour diverses raisons avaient des préoccupations ménagères, elles ont consacré leur temps libre à apprendre à lire et à écrire. D'ailleurs, après une année d'apprentissage, elles ont relevé le défi”, nous a déclaré à ce propos un membre de l'association. Dernièrement, une réception a été organisée en l'honneur de toutes ces femmes studieuses. Ainsi, les diplômes leur reconnaissant le niveau un, leur ont été décernés. Trente certificats de ce genre de l'Office national d'alphabétisation ont été remis à trente femmes qui ont brillamment réussi les tests d'évaluation. “Je n'ai pas eu la chance d'aller à l'école. Cette initiative m'ouvre d'autres horizons. Avec l'aide de toutes, j'ai fait d'énormes progrès. C'est une aubaine pour moi de savoir lire, cela m'aidera au moins à suivre mes enfants dans leur travail scolaire”, nous a confié une quadragénaire en marge de la collation. Profitant de ce regroupement féminin, les membres de l'association ont invité les psychologues et les médecins de la Ligue de prévention et de la sauvegarde de l'enfance de Tizi Ouzou qui ont présenté des exposés sur divers fléaux sociaux. De son côté, le conseil juridique de la ligue s'est longuement attardé sur les problèmes liés à la femme. Des communications sur les droits des femmes et leur insertion dans le monde du travail ont été données à l'assistance composée essentiellement de la gent féminine. Le point lié à la création de microentreprises a été longuement débattu. Car, faudra-t-il le souligner, dans cette localité, il est possible de développer certains métiers traditionnels tels le tissage de la laine ou encore la poterie pour peu que les pouvoirs publics acceptent de soutenir financièrement ces femmes rurales. Avant de clôturer cette journée organisée en l'honneur de toutes ces femmes qui ont relevé le défi, les membres de l'association ont lancé la campagne d'inscription en vue de préparer le niveau 2 pour celles ayant obtenu les diplômes et ont appelé les autres à s'y inscrire. Une section de couture a été aussi mise en place. “Nous continuerons toujours à prendre en charge cette frange de la société dans le seul objectif est d'éradiquer ce phénomène de notre village”, conclut le vice-président de Tighri. O. Ghilès