Pierre angulaire du programme électoral d'Abdelmadjid Tebboune, cette révision intervient dans un contexte sans doute inédit. Près de 25 millions d'électeurs sont appelés demain à se prononcer sur la révision de la loi fondamentale présentée par ses promoteurs comme une "panacée" aux revendications du mouvement populaire et point de départ du changement pour l'avènement de l'"Algérie nouvelle". Pierre angulaire du programme électoral d'Abdelmadjid Tebboune, cette révision, conclusion d'un cheminement qui a suscité la polémique dès la mise en place du comité d'experts chargé de l'élaboration de la nouvelle mouture, intervient dans un contexte sans doute inédit. À commencer d'abord, et sauf surprise, par l'absence au scrutin de celui qui a proposé cette réforme et dont il a fait son cheval de bataille de nombreux mois durant : Abdelmadjid Tebboune. Hasard du calendrier ou concours de circonstances, c'est à une semaine de la tenue de ce référendum que le chef de l'Etat est confronté à quelques soucis de santé, mais dont on ignore la nature. Après avoir été hospitalisé à Aïn Nâadja, Abdelmadjid Tebboune a été transféré mercredi soir en Allemagne où il a subi des examens approfondis, selon la présidence de la République. "Après les examens médicaux approfondis qu'a subis le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, dans un grand hôpital spécialisé allemand, le staff médical affirme que les résultats de ces examens sont rassurants", a précisé un communiqué de la présidence de la République. "Le Président reçoit actuellement le traitement adéquat et son état de santé est stable et n'est pas préoccupant", souligne le communiqué. Mais le texte n'évoque ni la nature de la pathologie dont souffrirait le chef de l'Etat ni la durée éventuelle de son hospitalisation. Et la communication au compte-goutte de la présidence de la République, sans fournir de plus amples détails, annonçant au début un "isolement volontaire", puis une prise en charge à Aïn Naâdja, avant l'hospitalisation en Allemagne ouvre la voie à toutes les supputations. Et rien ne dit, faute d'informations disponibles, que le chef de l'Etat accomplira son devoir électoral, comme il est de tradition, même s'il n'est pas tenu, à l'évidence, de le faire. Ensuite, il y a le contexte sanitaire. Après une décrue constatée vers la fin de l'été qui a poussé le gouvernement à assouplir certaines mesures, l'épidémie connaît depuis quelques jours une recrudescence qui inquiète la population. À se fier à certaines sources, la situation s'est gravement détériorée dans certaines wilayas. Dans ce contexte, il est à se demander si d'une part, le protocole sanitaire sera respecté par ceux qui auront opté pour la participation au scrutin et, d'autre part, si ce rebond n'est pas de nature à dissuader les électeurs. Déjà qu'elle a empêché l'ouverture d'un véritable "débat" autour de la mouture, l'épidémie risque d'impacter de nouveau la participation même s'il est vrai qu'au regard de la campagne, cette révision ne suscite pas l'engouement de la population. Alors qu'il est censé constituer un socle pour un contrat social consensuel, le texte qui sera soumis à référendum demain, est rejeté par une bonne partie de l'opposition notamment en raison de la manière dont il a été élaboré. À cela s'ajoute un climat de répression qui a ciblé de nombreuses figures du Hirak et qui n'est pas susceptible de renouer les fils de la confiance avec les promoteurs du projet. Compte tenu de tous ces paramètres, conjugué au fait que seuls les anciens soutiens de l'ère Bouteflika ont porté le projet, faut-il conclure que le texte risque d'être plombé par un fort taux d'abstention ? Le taux de participation reste en tout cas l'enjeu principal du scrutin : autant pour le pouvoir, handicapé par les circonstances ayant entouré l'élection présidentielle, pour "se consolider" que pour le Hirak, désorienté par l'épidémie et la répression, dont on pourra mesurer... l'état de santé.