À la veille de la présidentielle, les marchés sont fébriles et les investisseurs sont à l'affût d'informations pouvant leur offrir une meilleure visibilité. La pandémie de coronavirus et sa gestion par le président sortant sont au cœur de la bataille électorale aux Etats-Unis, où la crise économique affecte des millions d'Américains, faisant grimper le taux de chômage à plus de 7% après s'être stabilisé autour de 3% au début de l'année. C'est sur la relance économique que Donald Trump a bâti sa stratégie de campagne, rejetant les recommandations de son comité d'experts en santé, lui suggérant un plan strict pour canaliser la propagation du coronavirus. Et c'est à la veille du vote que la Maison-Blanche a décidé de déclarer la guerre au conseiller à la santé de M. Trump, le très respecté immunologiste Anthony Fauci, qui s'est défoncé ces derniers jours sur le gouvernement, en critiquant sévèrement la stratégie adoptée dans sa lutte contre le coronavirus (Covid-19). "Nous allons souffrir", a prévenu celui qui est aussi directeur de l'Institut des maladies infectieuses. "La situation n'est pas bonne", a-t-il insisté. "D'un seul coup, ils ne voulaient plus écouter notre message, parce qu'il ne correspondait pas à ce qu'ils voulaient faire", affirme celui qui dit ne plus avoir parlé au président depuis plusieurs semaines, Trump lui préférant désormais le neuro-radiologiste Scott Atlas, qui parie sur l'immunité collective plutôt que sur le renforcement du dispositif préventif. Ces déclarations ont valu à l'éminent professeur l'animosité de la Maison-Blanche, avec laquelle la rupture semble définitivement consommée. Les partisans du président l'accusent ouvertement de saborder le travail de Trump, lui reprochant sa sortie à trois jours seulement du grand rendez-vous électoral. Pourtant, M. Fauci n'a pas cessé de contredire le président sortant, lui-même ayant fini par choper la Covid-19 en pleine campagne électorale, ce qui l'a contraint de s'éloigner de la bataille pendant environ une semaine. Alors que les Etats-Unis ont enregistré plus de 230 000 décès sur plus de 9,2 millions de personnes infectées depuis février dernier, Donald Trump continue de minimiser l'ampleur de la menace sanitaire, avançant des raisons économiques qui, certes, ont leur poids dans le choix des électeurs. Le candidat à sa propre succession joue la carte de la baisse des impôts en faveur des plus riches et sur les bénéfices des sociétés (il a baissé ce taux de 35 à 21%), tandis que son rival Joe Biden propose de le remonter à 28%. Le même Biden veut étendre la couverture santé à tous les Américains, en réhabilitant l'Obamacare, qui a bénéficié à 50 millions d'Américains et auquel Donald Trump s'est attaqué dès son élection en 2016.