Le premier débat pour l'élection présidentielle américaine s'est tenu dans la nuit de mardi à mercredi à Cleveland (Ohio), dans un climat tendu ponctué de passes d'armes entre le président sortant et son rival démocrate autour de nombreux sujets, tantôt personnels, tantôt liés à leur vision de la société américaine qui fait face à des crises historiques, celle liée à l'épidémie Covid-19 notamment. A 35 jours de la présidentielle américaine, les deux candidats à la Maison Blanche, le président sortant Donald Trump et l'ancien vice-président démocrate Joe Biden se sont affrontés sur de nombreux thèmes : l'épidémie de Covid-19, la nomination d'une nouvelle juge à la Cour suprême, la relance économique, les tensions raciales, l'intégrité du scrutin ainsi que les bilans de leurs carrières respectives. Les interruptions des candidats et les attaques personnelles ont pris le dessus sur le fond, c'est en effet, la remarque qui a été faite par de nombreux médias. "Ce débat restera comme l'un des pires de l'histoire", a déclaré Aaron Kall, enseignant à l'Université du Michigan et spécialiste des duels présidentiels. Face à un public restreint pour cause de l'épidémie, le président sortant, qui brigue un second mandat de 4 ans sous les couleurs républicaines, a tenté de défendre sa décision de nommer une juge conservatrice à la Cour suprême juste avant le scrutin du 3 novembre, pour pouvoir, selon Biden, "se débarrasser" de l'Obamacare, l'assurance-santé mise en place lorsqu'il était lui-même vice-président de Barack Obama. "Nous avons gagné l'élection" de 2016 "et nous avons le droit de le faire", a dit Trump d'un ton grave. Autre dossier ravivé par l'actualité : les feuilles d'impôts du président sortant. Une enquête du New York Times publiée deux jours avant le débat révélait que le milliardaire n'avait payé que 750 dollars d'impôts fédéraux en 2016 et 2017. La polémique avait, par ailleurs, été ravivée par Joe Biden en amont du débat. Le démocrate avait rendu publiques ses déclarations d'impôts pour 2019 ce mardi, message lancé à son rival qui a toujours refusé de dévoiler les siennes depuis 2015. Le milliardaire républicain s'est aussi attiré de vives critiques du camp démocrate pour avoir semblé tergiverser lorsque le journaliste lui a demandé s'il était prêt à condamner les suprémacistes blancs qui l'ont soutenu, disant à un tel groupe connu sous le nom de Proud Boys de "prendre du recul,de rester debout". La gestion de l'épidémie de Covid-19, est l'un des sujets sur les quels les échanges entre les deux candidats septuagénaires ont été les plus vifs. Les Etats-Unis sont aujourd'hui les plus endeuillé au monde et comptabilise plus de 205.000 morts liés à une contamination au coronavirus. Biden a attaqué la gestion de la pandémie par Trump, affirmant que le président "a attendu et attendu" pour agir lorsque le virus a atteint les côtes américaines et "n'a toujours pas de plan".Trump a tenu à vanter sa gestion de la crise, et déclare: "Je vais vous dire Joe, vous n'auriez jamais pu faire le travail que nous avons fait". Résultat du scrutin : Biden s'engage à l'accepter, Trump évasif Le locataire de la Maison Blanche, s'est efforcé de dépeindre son adversaire comme "une marionnette de la "gauche radicale ", que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat, tandis que Biden accusait Trump de s'éloigner de la promesse américaine d'équité pour tous et de lancer un appel basé sur la race. "C'est un président qui a tout utilisé ( ) pour essayer de générer la haine raciste, la division raciste", a déclaré Biden. Le candidat démocrate a déclaré que le pays était confronté à un problème de racisme systémique et que si la grande majorité des policiers sont "des hommes et des femmes honnêtes et honorables", il y a des "pommes pourries" et les gens doivent être tenus responsables. Trump a, à son tour, affirmé que le travail de Biden sur un projet de loi fédéral sur la criminalité traitait la population afro-américaine "à peu près aussi mauvaise que n'importe qui dans ce pays." " Etes-vous pour la loi et l'ordre ?", a interrogé Donald Trump, dans un échange particulièrement tendu, où il a accusé son rival de faiblesse face à la criminalité et aux violences. " La loi et l'ordre avec la justice ", a répondu son adversaire démocrate.Les échanges ont pris un aspect personnel lorsque Trump est revenu sur le fils de Biden, Hunter, qui avait, d'après le candidat, profité de manière "inappropriée" des relations de son père alors qu'il travaillait en Ukraine. S'agissant de la question de l'intégrité du scrutin, sur laquelle s'est clôt le débat, Joe Biden a assuré qu'il respecterait le résultat des urnes. "Si c'est moi, tant mieux. Si ce n'est pas moi, je le soutiendrai". Donald Trump a esquivé la question. Auparavant, il avait affirmé sans preuves que le vote par correspondance, qui s'annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des "fraudes" sans précédent et pourrait empêcher de connaître le vainqueur " avant des mois". Deux autres débats auront lieu les 15 et 22 octobre, respectivement à Miami (Floride) et Nashville (Tennessee). Le 7 octobre, le vice-président Mike Pence et la colistière de Biden, Kamala Harris, s'affronteront à Salt Lake City (Utah).