Pour beaucoup d'observateurs, l'échec de ce référendum est à mettre en partie sur le compte de la participation de ces partis politiques et organisations qui ont longtemps soutenu le régime de Bouteflika. Partis politiques ayant accompagné Abdelaziz Bouteflika, associations d'une certaine "société civile" et personnalités nationales : pour tenter de faire le plein lors du scrutin référendaire de dimanche passé, le pouvoir a battu le rappel de ses anciennes troupes. La stratégie n'a, manifestement, pas été payante. Mis au ban de la classe politique depuis le début de la révolte populaire du 22 Février 2019, les partis adossés à l'ancien pouvoir ont profité de la campagne référendaire pour tenter de revenir sur le devant de la scène. Plus que d'autres formations politiques, le FLN, le RND et TAJ, notamment, ont eu droit à un traitement de faveur de la part de l'administration. Ils ont réussi à organiser, en l'espace de quelques jours, des congrès qui leur ont permis de désigner de nouveaux responsables, et participer ainsi à la campagne référendaire. Pour tenter de se refaire une virginité, ces partis, qui ont constitué l'ossature politique du régime Bouteflika, ont donc "changé" de dirigeants et tenté de vendre un nouveau discours porté sur "l'Algérie nouvelle". Durant tout le déroulement de la campagne référendaire, Baâdji Abou-El-Fadhl, Tayeb Zitouni et d'autres figures de ces partis politiques ont poussé le zèle jusqu'à renier les positions des anciens dirigeants de leurs formations dont le soutien au président déchu était pourtant clair et limpide. Ils ont animé des meetings et des rencontres dans des endroits interdits pour l'opposition. Ils ont tenu des discours dithyrambiques appelant les Algériens à "voter" pour "rompre" avec un passé dans lequel ils ont pourtant joué un rôle majeur. Les directions de ces partis "ont essayé de coller au soutien pour le référendum pour gagner à l'avenir", analyse l'ancien député FLN Abdelkader Cherrar, qui estime que ces partis "n'existent" pourtant "plus qu'au niveau des sièges nationaux". Le pouvoir, qui a tenté de donner l'image d'une "Algérie nouvelle", n'a pourtant rien fait pour s'éloigner de ces partis dont la dissolution a été réclamée par une majorité d'Algériens, sortis manifester durant de longs mois. Si rien ne prouve que le pouvoir d'Abdelmadjid Tebboune a soutenu la résurgence de ces partis de l'ancien pouvoir, il faut se rendre à l'évidence qu'il n'a rien fait pour les éloigner de son giron. "Je n'ai pas compris pourquoi le Président et son entourage ont accepté leur soutien", se demande l'ancien parlementaire du FLN. L'un des résultats de cette alliance non assumée avec les partis de l'ancien pouvoir est que "le régime reconnaît que sa base électorale ne pèse que 14,3% des votants et que 85,7% du corps électoral ne soutiennent pas le régime", résume le sociologue Lahouari Addi. Pour beaucoup d'observateurs, une partie de l'échec de ce référendum est à mettre sur le compte de la participation de ces partis politiques honnis par les Algériens. C'est l'avis du politologue Mohamed Hennad qui estime que la faiblesse de la participation au scrutin référendaire est justifiée en partie par le soutien — au pouvoir — "des forces sans foi ni loi et qui nous aveuglent, en l'occurrence les partis de l'alliance présidentielle au temps du président déchu". Pour Abdelkader Cherrar, avec le soutien de ces partis, Abdelmadjid Tebboune "a donné l'image du continuateur du système Bouteflika". Car, leur soutien a "été plus néfaste qu'utile" et "ils ne sont que des boulets pour le Président", indique encore l'ancien parlementaire. Pour l'heure, il est difficile de savoir ce qu'il adviendra de ces partis politiques qui prouvent, une nouvelle fois, que les résultats qui leur étaient attribués dans les précédentes élections ne reflétaient pas forcément la réalité. Ali Boukhlef