Une immense foule a pris part, hier, aux obsèques du moudjahid et figure emblématique du Hirak, Lakhdar Bouragaa, décédé mercredi dernier, à l'âge de 87ans. L'enterrement a eu lieu au cimetière de Sidi Yahia, sur les hauteurs d'Alger. En dépit de la situation sanitaire, l'ancien commandant de la wilaya IV, symbole de la bravoure et du patriotisme notamment aux yeux des jeunes, a eu droit à de grandioses funérailles. Des centaines de personnes, des personnalités politiques de tous bords, avocats, militants, activistes et simples citoyens avaient, en effet, afflués des différentes régions du pays pour l'accompagner à sa dernière demeure. Un ultime hommage populaire à la hauteur de la dimension de l'homme. La maison familiale du défunt, à Paradou (Hydra), grouillait de monde dès la matinée d'hier. Un important dispositif policier était également présent. La foule ne paraissait pas, cependant, disposée à se séparer avant de l'accompagner au cimetière de Sidi Yahia, scandant sans cesse : « Bouregaa e'rtah e'ertah, sa nouwassilou el kifah » (Bouregaâ reposes toi, nous continuerons le combat), « Dawla madania machi aaskaria », (Etat civile et non militaire). Il y avait aussi, en plus de la tristesse, de la colère et de l'indignation. « Honte à ceux qui l'ont jeté en prison et qui viennent aujourd'hui lui présenter leurs condoléances et le traiter de grand moudjahid après avoir tenté de salir sa mémoire », a lâché le porte-parole de l'Union Démocratique et Sociale, Karim Tabbou. Ce n'est qu'après la prière d'Al-Asr que la dépouille mortelle de l'ancien baroudeur de la wilaya VI, drapé de l'emblème national, sera transportée depuis son domicile vers le lieu de l'enterrement. Tout au long de l'itinéraire, les citoyens, de plus en plus nombreux à rejoindre le cortège funéraire, scandaient continuellement des slogans hostiles au pouvoir en place. Figure respectée du hirak et source d'inspiration pour les jeunes, la mort de l'un des héros de la guerre d'indépendance a provoqué une onde de choc parmi des millions de citoyens. La triste nouvelle a suscité une pluie d'hommages sur les réseaux sociaux. Des dizaines de personnalités ont salué la mémoire de cet homme. L'écrivain et ancien président du RCD, Saïd Sadi, réagissant sur la mort de « l'homme du peuple », sur son compte Facebook dira que « Sa vie est un condensé de l'Histoire récente de notre pays. Paysan écrasé par le joug colonial, il sut faire du combat contre l'injustice une école de la liberté. À l'indépendance, il se rangea naturellement du côté des mouvements se dressant contre l'arbitraire. Avec l'avènement du multipartisme, il fréquenta les acteurs qui préconisaient l'alternative démocratique. » De son coté, Djamel Zenati, militant de la démocratie, dira que « L'Algérie perd un homme valeureux » et que « son nom est inscrit dans les pages glorieuses de notre histoire ».