L'avocat du Trésor public a révélé, jeudi, le chiffre faramineux des préjudices causés au Trésor public par les activités du groupe Tahkout. Ainsi, Me Dahlouk a, en effet, estimé, à l'occasion de la reprise du procès en appel de l'affaire Tahkout, les dommages causés au Trésor public qui s'élèvent à quelque 309 milliards de dinars, soit près de 3 milliards de dollars. L'avocat du Trésor public a qualifié les montants de "pharaoniques", précisant que les entreprises appartenant au groupe Tahkout, notamment TMC qui a causé une perte sèche de quelque 9 milliards de dinars au Trésor public. Concernant les transferts vers l'étranger, il a révélé que le chiffre a atteint quelque 129 millions de dinars rien que pour la période allant de 2017 à 2019. Il a évalué les pertes causées par l'activité de transport à un milliard de dinars. Me Dahlouk a réclamé, outre les 309 milliards de dinars de Tahkout Mahieddine, 1 million de dinars à chaque accusé et la saisie de tous leurs biens, en Algérie, comme à l'étranger. À noter que l'avocat du Trésor est intervenu après l'audition de Mahieddine Tahkout, principal accusé dans l'affaire. Ce dernier a été auditionné depuis la prison de Babar dans la wilaya de Khenchela où il est détenu. Dans ses réponses au juge de la cour, Mahieddine Tahkout a nié les faits qui lui sont reprochés, affirmant qu'il a travaillé "dans le strict respect de la loi". "Ils ont bloqué nos comptes et gelé toutes les activités du groupe", s'est-il plaint, avant de mettre l'accent sur les "réalisations" de son groupe dans plusieurs segments, notamment le transport urbain et universitaire, le montage de voitures, la formation des techniciens... Face à Tahkout, le représentant du ministère public a, pour sa part, mis l'accent sur "la pression exercée sur des agents de l'administration en vue de décrocher des marchés". Dans une réponse qui n'a visiblement pas convaincu le procureur de la République, Mahieddine Tahkout a souligné qu'il répondait "à des avis d'appel d'offres". Le procureur ne lâche pas prise et revient à la charge pour expliquer que "Tahkout avait bel et bien des relations très privilégiées avec des responsables au sein de ces institutions et avec plusieurs ministres". Concernant l'affaire du montage des véhicules à propos de laquelle le procureur a révélé au cours du procès que seul un modèle a été homologué, Mahieddine Tahkout a souligné qu'il "pratiquait cette activité de manière légale suivant un cahier des charges élaboré par le ministère de l'Industrie". Dans ses réponses, il a fait référence à une commission interministérielle dépêchée, pour rappel, par Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre. "Le rapport final de cette commission n'a révélé aucun dépassement ou anomalie", a dit Tahkout, soulignant que son usine de montage de voitures de marque Hyundai installée dans la wilaya de Tiaret "a été montée sur fonds propres du groupe" et qu'il n'a jamais eu "recours à des prêts bancaires". Sur un autre volet, Mahieddine Tahkout a nié avoir acheté des biens à l'étranger. "Je ne possède absolument rien à l'étranger", a-t-il dit.