Les révélations se poursuivent au procès en appel de Mahieddine Tahkout à la cour d'Alger. Hier, lors de l'audition de Youcef Yousfi, ancien ministre de l'Industrie et des Mines, le procureur de la République n'a pas omis de mettre l'accent sur "des pratiques" qui "mettent en danger la vie des citoyens". Ainsi, il a révélé que sur les 14 modèles de voitures commercialisés par Tahkout Manufacturing Compagny (TMC), "seule la Sonata a eu une homologation des services concernés". Une grave révélation, si l'on se réfère aux explications du représentant du ministère public qui a souligné que "tous les autres modèles vendus n'ont pas été homologués, et même la Sonata n'a eu son homologation que plusieurs mois après sa commercialisation. Cette même voiture homologuée n'est pas à la portée de tous les citoyens, elle vaut quelque 4 millions de dinars, mais les autres ont été vendues par milliers". Le procureur qui posait ces questions à Youcef Yousfi fait référence à des documents contenus dans le dossier et auxquels l'ancien ministre n'a pu répondre, tentant d'expliquer que la question liée aux modèles de voitures que TMC avait produits "n'a aucune incidence sur le nombre de voitures à commercialiser". Le procureur n'a pas voulu "résumer" la problématique des modèles au nombre de voitures plafonné, alors à 100 000 unités par an, mais "à l'homologation des modèles". La réplique de Yousfi était inattendue : "J'étais, certes, ministre et responsable, mais je ne pouvais pas vérifier chaque voiture mise sur le marché." Il a mis l'accent dans sa plaidoirie sur le fait que la question relève des Mines. Il a révélé que "la décision prise par les autorités d'annuler le contrôle de l'ingénieur des mines pour toute voiture vendue d'une wilaya à une autre ne répondait pas à la volonté de débureaucratiser l'administration, mais au manque d'ingénieurs". Cela dit, explique M. Yousfi, "la décision de rattacher les Mines au ministère de l'Industrie a créé un véritable problème de ressources humaines", ajoutant que "la majorité des cadres n'a pas voulu quitter le département de l'Energie", d'où "notre décision de solliciter les directeurs des mines des wilayas pour former une administration et supprimer le passage des voitures chez les ingénieurs des mines". Sur un autre volet, Youcef Yousfi a estimé que les documents fournis par son département aux propriétaires d'usines de montage de voitures sont actuellement "utilisés par le gouvernement pour dédouaner les kits bloqués dans les ports". Pour Youcef Yousfi, "on ne peut à la fois qualifier une décision d'illégale et l'appliquer pour dénouer un problème". Concernant les avantages accordés aux concessionnaires dans le cadre de cette activité, l'ancien ministre de l'Industrie a rappelé que "le Conseil national de l'investissement (CNI) a été mis sous la tutelle du Premier ministre dès octobre 2016, alors que je n'étais pas ministre" et que "c'est le CNI et l'Andi qui décident des avantages à accorder aux investisseurs". Il s'est défendu également en affirmant que "les avis techniques signés aux concessionnaires" l'ont été "bien avant mon arrivée à la tête du ministère". "Nous n'avions signé que des décisions de renouvellement", a dit M. Yousfi, précisant que ces mêmes décisions ont été signées "par Mme Mekraoui qui est actuellement en liberté". M. Mansouri, responsable au sein de l'Andi, a été également auditionné. Les avocats de la défense ont mis l'accent, lors de son audition, sur "les responsabilités de l'Andi dans l'octroi des avantages aux investisseurs". Des décisions que le prévenu a rejetées, provoquant même l'ire d'Abdelmalek Sellal qui s'est emporté en qualifiant les déclarations de M. Mansouri "de mensongères", puisqu'il a tenté "d'impliquer" uniquement le CNI qui est sous la tutelle du Premier ministre.