Le ralentissement économique pourrait entraîner une augmentation considérable du taux de chômage des jeunes en Afrique du Nord. La pandémie de coronavirus pourrait aggraver le chômage chez les jeunes en Afrique du Nord, ont averti, mardi dernier, les participants à un webinaire sur les meilleures pratiques en matière de création d'emplois dans la région organisé par le bureau de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA). Dans son discours d'ouverture, Khaled Hussein, directeur par intérim du Bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord, a relevé que l'Afrique du Nord souffrait déjà, en 2019, d'un taux de chômage le plus élevé, estimé à 12,1%, et d'un ratio emploi – population le plus bas du continent (40,1% pour l'Afrique du Nord contre 58,8% en moyenne en Afrique). Le taux de chômage des jeunes avoisine les 29% contre 13% pour le reste du monde. Avant la pandémie de Covid-19, souligne la CEA dans un communiqué, "les économies nord-africaines avaient atteint des niveaux de croissance raisonnables et plusieurs pays avaient réussi à engager leurs économies sur la voie de la diversification". Cependant, constate le CEA, "la sous-région reste confrontée à des problèmes majeurs, notamment une faible croissance de la productivité et des taux de chômage élevés". La création d'emplois formels dans le secteur privé nord-africain s'est avérée incapable de suivre l'augmentation de la main-d'œuvre jeune. Parallèlement, de nombreux employeurs peinent à trouver des employés qualifiés. Selon Mme Ana Martiningui, directrice générale d'Education for Employment, "81% des entreprises n'ont pas été en mesure de trouver les profils nécessaires pour développer leurs activités, à l'heure où les systèmes éducatifs nationaux peinent à préparer les jeunes à l'économie d'aujourd'hui et de demain". La crise économique causée par la pandémie de Covid-19 pourrait impacter gravement les économies nord-africaines. "Les experts des Nations unies ont annoncé une fourchette de croissance du PIB allant de 0,3% dans le meilleur des cas et une chute à -5,4%", rappelle le communiqué de la CEA. Cette situation pourrait entraîner une augmentation considérable du taux de chômage des jeunes en Afrique du Nord, compliquant les efforts des pays pour créer un nombre d'emplois suffisants pour faire face à la croissance rapide de la main-d'œuvre. Ce qui, pour Amal El Beshbishi, économiste au Bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord, "risque de transformer les opportunités de dividende démographique de la sous-région en un problème majeur, ainsi qu'une source potentielle de troubles sociaux". Récemment, le "tableau de bord de l'économie nationale", mis en place par Centre d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), faisait état de la baisse des indicateurs suivis par les services de l'Agence nationale de l'emploi (Anem). "Les demandes d'emploi, les offres d'emploi et les placements ont diminué en moyenne de 2% depuis janvier 2019", soulignait le think tank. Une enquête sur l'impact de la pandémie de coronavirus, réalisée par le ministère du Travail, évoquait environ 50 000 travailleurs algériens qui ont perdu leur emploi de manière provisoire ou définitive. Le site Emploitic a indiqué, en septembre dernier, que l'activité de recrutement a connu une forte baisse des annonces d'emploi estimée à -70% en avril 2020. "Même si une légère reprise a été constatée depuis le mois de mai, cela reste loin des chiffres de la même période en 2019", a signalé Emploitic. Dans son rapport sur les perspectives de l'économie mondiale, publié récemment, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le taux de chômage grimpe à 14,1% l'année en cours et pourrait atteindre 14,3% l'année prochaine.