Le “Rôle du développement social et économique dans le changement des comportements démographiques” est l'intitulé d'une thèse de doctorat d'Etat, la première en Algérie, qui a été récemment soutenue par Delenda Aïssa à l'université d'Oran Es-Sénia. La spécificité de cette thèse s'appuie essentiellement sur les perspectives de cette recherche qui a abordé pertinemment la question en termes de travail, incluant le devenir des nouveaux comportements induits par un développement social et économique qui s'essouffle depuis plus d'une décennie. Seront-ils délaissés face à un soutien social et économique de plus en plus faible ? Certains auteurs essaient déjà de répondre à cette question en avançant que la pauvreté sera un facteur de la réduction du nombre d'enfants par femme et du recours à une contraception plus massive. Il est aussi fort probable que la société algérienne aura encore plus recours à la planification familiale pour tenter de maintenir le niveau de vie acquis depuis l'Indépendance. Ainsi, il apparaît clairement qu'à travers ce travail de recherche, Delenda Aïssa porte un regard critique sur les conditions vécues depuis 1990 et la détérioration du pouvoir d'achat et l'augmentation du chômage qui sont des facteurs d'un nouveau défi : celui du nombre face au bien-être. Selon Delenda Aïssa, cette recherche a permis de décrire deux états très différents de l'histoire de la démographie algérienne. Le premier état est celui d'une démographie qui peut être qualifiée d'ancienne ou de traditionnelle. Selon l'auteur de la thèse de doctorat, cet état a prévalu jusqu'à la fin des années 1970 et le début des années 1980. Ses principales caractéristiques sont une natalité très forte et plus ou moins stable et une mortalité assez élevée, mais en baisse continue. L'accroissement de la population est la résultante, selon le chercheur, de ces deux phénomènes qui dénotent une importance particulière durant la période 1960 à 1980. Le second état est celui d'une nouvelle démographie plus ou moins proche de celle qu'ont connue les pays de l'Europe occidentale vers la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, c'est-à-dire “au début de la troisième phase de la transition de leurs démographies”, constate le Dr Delenda Aïssa. Enfin, le chercheur voit dans ces mutations démographiques les indices d'un mouvement naturel enregistrés aujourd'hui qui donnent un accroissement de plus en plus proche de celui du début de la transition démographique. Cet état est également celui de l'apparition de la famille réduite, de la généralisation de la contraception et d'une nuptialité tardive. B. G.