Des dizaines de milliers d'agriculteurs indiens sont redescendus encore hier dans la rue pour protester contre la réforme proposée par le gouvernement du Premier ministre Narendra Modi, rejetant les assurances qu'il leur a données il y a quelques jours, a rapporté l'agence de presse Reuters. Les manifestants se sont rassemblés autour de la capitale New Delhi, avec la ferme volonté d'avancer vers le centre-ville lors d'une prochaine marche. "Des centaines d'agriculteurs lanceront une marche en trolleybus vers New Delhi pour exprimer nos griefs contre les nouvelles lois", a déclaré Kamal Preet Singh Pannu, un chef de file de Sanyukta Kisan Andolan (United Farmers' Protest), l'un des 30 groupes contre les lois. "Le gouvernement veut discréditer et écraser notre mouvement, mais nous continuerons de protester pacifiquement", a déclaré Pannu, cité par Reuters. Samedi, les forces de sécurité ont dispersé une tentative de fermeture des autoroutes et autres axes routiers reliant la capitale aux autres villes du pays, suite à l'échec de la sixième tentative de dialogue avec le gouvernement. "J'ai maintenant étudié les nouvelles factures agricoles de l'Inde et je me rends compte qu'elles sont imparfaites et qu'elles seront préjudiciables aux agriculteurs", a écrit Kaushik Basu, ancien conseiller économique en chef du gouvernement fédéral, sur twitter. "Notre réglementation agricole doit être modifiée, mais les nouvelles lois finiront par servir les intérêts des entreprises plus que les agriculteurs. Chapeau à la sensibilité et à la force morale des agriculteurs indiens", a déclaré Basu. Les agriculteurs exigent que le Premier ministre Narendra Modi fasse "marche arrière" sur ses réformes du marché agricole, qui ouvrent aux groupes privés un marché jusqu'alors contrôlé par l'Etat, ce qui assurait aux agriculteurs un revenu minimum. Des délégations d'agriculteurs ont rencontré de hauts responsables du gouvernement pour des discussions qui n'ont toutefois pas abouti. Le gouvernement assure que la réforme vise à permettre aux agriculteurs de gagner plus, puisqu'ils seront libres de vendre leur production à qui ils veulent. Elle vise également à permettre des investissements pour la modernisation nécessaire de l'agriculture. Les agriculteurs en revanche estiment que la réforme les mettra à la merci de grands groupes qui pourront à leur guise faire baisser les prix, et éventuellement finir par les déposséder de leurs terres. Environ 70% de la population indienne travaille dans l'agriculture, mais ne produit qu'environ 15% du PIB.