L'Inde a tenté hier d'apaiser la colère des paysans, qui gronde depuis près d'une semaine contre les réformes agricoles dans des manifestations ayant donné lieu à de violents affrontements avec la police en banlieue de New Delhi. Le gouvernement a avancé de deux jours des discussions prévues avec des représentants d'agriculteurs, cherchant à éviter de nouveaux rassemblements après que les manifestants ont annoncé leur intention de bloquer davantage l'accès à la capitale. À l'occasion d'un rassemblement lundi, le Premier ministre Narendra Modi a reproché à l'opposition de diffuser de "fausses informations" sur le paquet de réformes. Le parti du Congrès, principal parti d'opposition qui détient le pouvoir au Pendjab (Nord-Ouest) dont viennent nombre de manifestants, accuse ces réformes de mettre les paysans à la merci des gros acheteurs privés, sans aucun pouvoir de négociation. Les agriculteurs réclament la garantie écrite du gouvernement que les prix minimums des denrées agricoles ne seront pas supprimés. La situation s'était envenimée, vendredi, quand la police avait fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau pour le deuxième jour consécutif contre des agriculteurs marchant en direction de New Delhi. Des centaines de policiers avaient été déployés en divers points d'entrée de la capitale avec des camions de sable. Ils avaient installé des barrages équipés de fil de fer barbelé pour bloquer l'arrivée des manifestants. En vertu de réformes adoptées fin septembre, les agriculteurs ont dorénavant la liberté de vendre leurs produits à un acheteur et au prix de leur choix, et non seulement sur les marchés régulés par l'Etat (les "mandis") avec des prix fixés. La condition paysanne est une question politique majeure en Inde, où deux Indiens sur trois vivent en zone rurale. Les suicides d'agriculteurs se comptent par milliers ces dernières années en raison de l'endettement et de la sécheresse. R. I./Agences