Le désastre du sous-développement qui frappe l'Algérie profonde se révèle au grand jour et dans toute son ampleur. C'est le cas, entre autres, de la wilaya de Tizi Ouzou où les autorités viennent enfin de concéder que des pans entiers de la population locale n'ont pas encore accès aux commodités de base, telles que l'électricité, l'eau, le gaz, l'assainissement et, pis encore, les soins de proximité. En effet, selon le wali de Tizi Ouzou, Mahmoud Djamaa, qui intervenait, hier, sur la radio locale, 402 zones dites d'ombre ont été recensées sur le territoire de la wilaya. "Nous avons entamé une opération de recensement depuis le début de l'année en collaboration avec les présidents des APC et nous avons recensé 402 zones d'ombre à travers 48 communes sur les 67 que compte la wilaya", a déclaré le wali qui, pour atténuer les effets de la situation héritée de cette ère, a annoncé qu'une cagnotte de 10,2 milliards de dinars est dégagée pour financer 1 177 projets au profit de ces zones. Ce programme de rattrapage, dit-il, sera concrétisé à moyen terme, et donc s'étalera sur la période allant de 2021 à 2024. "Pour l'année en cours, nous avons fixé l'objectif de réaliser 105 projets et nous en avons déjà réceptionné 70", a-t-il détaillé, précisant que ces projets qui seront réalisés suivant un ordre de priorité portent essentiellement sur l'extension des réseaux d'électricité, d'AEP et d'assainissement, et parfois aussi sur la réhabilitation des infrastructures existantes dont des salles de soins, des écoles et des routes. Concernant la réhabilitation et l'entretien des routes, le premier magistrat de la wilaya a expliqué qu'un programme de 150 milliards de centimes a été arrêté avec l'administration centrale pour réhabiliter les chemins de wilaya et les chemins communaux. "40 milliards de cette cagnotte sont destinés aux zones d'ombre", a-t-il spécifié. En somme, ce programme de rattrapage, qui ne couvrira, sans doute, pas tous les besoins de la wilaya, démontre, si besoin est, l'énorme retard qu'accuse la wilaya de Tizi Ouzou quant au développement local, notamment durant ces deux dernières décennies. Un retard maintes fois dénoncé par les élus locaux, les partis politiques et la population qui n'a eu de cesse de réclamer un véritable plan Marshall pour la région. En vain. À chaque protestation et à chaque dénonciation, les autorités opposaient une propagande à grand renfort de discours politiques et de médias publics pour camoufler le désastre et même clouer au pilori toute voix discordante. S'il est vrai qu'aujourd'hui, la population a droit à un langage de vérité, elle continue toujours d'attendre les actes de développement promis.