Selon le Commissariat aux énergies renouvelables, aucune évaluation rigoureuse n'a été menée quant à l'impact du programme national d'efficacité énergétique. Dans son premier rapport sur la transition énergétique en Algérie, le Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (Cerefe) met en relief le fait que la "centralisation excessive de la gestion du réseau électrique national a plombé toute ouverture vers son environnement extérieur, notamment dans les domaines liés à la production, au transport et à la distribution". Ce réseau soumis au monopole public, est géré par Sonelgaz. Le rapport, dont Liberté a obtenu une copie, souligne que Sonelgaz est censée être, au-delà de son rôle central, une "locomotive" quant à la "dissémination" d'un "savoir technique", "technologique" et "organique de pointe", utile non seulement à son propre développement, mais aussi à tout le pays. Le document ajoute que l'avènement des énergies renouvelables, dont les concepts techniques qui ont accompagné l'émergence restent assez récents, constitue en fait une "opportunité unique" pour initier la mise en place de la "passerelle" tant souhaitée, mais qui a toujours manqué dans le pays, entre le monde socioéconomique, dont l'entreprise fait partie, et celui de la recherche scientifique appliquée et utile. Et de prévenir : "Si rien n'est fait dans ce sens, on peut dire que les deux parties continueront indéfiniment à se rejeter la balle du fait que la première n'a jamais clairement exprimé ses besoins en la matière, faute de motivations claires, et la seconde n'a jamais pu valider ses compétences à faire valoir, faute de données de travail représentatives du monde réel." Le Cerefe estime, dans ce même rapport, que le réseau électrique national est appelé à entreprendre une "restructuration très profonde", en vue de s'adapter aux grandes mutations qui se préparent dans le monde de l'énergie. Cependant, poursuit-il, beaucoup d'indices montrent que jusqu'à nouvel ordre et notamment concernant le dossier des énergies renouvelables, "il (le réseau) a, a priori, été maintenu en retrait par rapport à la dynamique qui se dessine partout ailleurs dans le monde et ce, durant au moins les dix dernières années". Pour le Commissariat aux énergies renouvelables, "la mise en œuvre d'une approche aussi simple que celle d'initier dès aujourd'hui, ne serait-ce qu'un petit programme de démonstration destiné à valider localement les concepts d'autoconsommation introduits précédemment, n'est pas permise dans l'état actuel des choses". Une situation insurmontable ou un petit casse-tête de gestion de réseau électrique ? Transport, gros consommateur d'énergie Le Cerefe souligne, dans son rapport, qu'il est plus que temps que l'Etat agisse, "en ouvrant le réseau national d'électricité aux petits et moyens producteurs indépendants de l'énergie photovoltaïque". Ce faisant, il réduirait le monopole de Sonelgaz sur la production et la distribution électriques, et encouragerait l'option d'autoconsommation à travers un déploiement étudié et réglementé des installations solaires photovoltaïques, qui seront connectées au réseau de distribution de Sonelgaz, en assurant des productions de petites ou moyennes capacités. L'Etat pourra le faire, puisque la réglementation, qui sous-tend la libéralisation de la production d'électricité, existe déjà. Elle avait été instituée par la loi 02-01 du 5 février 2002. Mais elle n'a jamais été appliquée. Au chapitre de l'efficacité énergétique, le Commissariat à l'énergie rappelle que le programme établi par l'Aprue à l'horizon 2030, adopté en 2011, puis actualisé en 2015, visait globalement la réduction de la consommation d'énergie de "9%" en agissant sur l'ensemble des secteurs de consommation qui ont un "impact significatif" sur la demande d'énergie. Il s'agit des secteurs du transport, du bâtiment et de l'industrie. Cependant, relève le rapport, "aucune évaluation rigoureuse n'a été menée à ce jour quant à l'impact de ce programme sur la réduction de la facture énergétique nationale, ainsi que sur les émissions de gaz à effet de serre". Le document note que le transport mobilise à lui seul "un peu plus de 15 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), soit une facture énergétique supérieure à celle globalement allouée à la production d'électricité (13,9 Mtep)". Plus encore, y est-il ajouté, "en faisant un recoupement entre les statistiques de consommation faites par secteur (15,3 Mtep pour le transport) et par produit (15,5 Mtep pour les produits liquides), on peut comprendre qu'il est essentiellement question de transport routier qui utilise exclusivement les combustibles liquides (essence, gasoil...)". Aussi, le Cerefe propose que soit "augmentée la part des véhicules roulant au gaz". Et d'expliquer : "Vu les capacités en gaz du pays et les caractéristiques avantageuses quant à ses divers emplois, notamment comme carburant respectueux de l'environnement en comparaison de l'essence et du diesel, il représente pour le moment la solution la mieux adaptée au niveau national pour envisager une atténuation notable à court terme des problèmes du transport évoqués plus haut." Par ailleurs, et afin d'accélérer la cadence de transformation du parc roulant national en GPL/c et d'éviter les retards inhérents à ce type d'opérations d'envergure, le Cerefe suggère d'agir "en amont même de la mise en circulation des véhicules", ajoutant que "cela peut, en effet, faire l'objet d'une clause spécifique au niveau des cahiers des charges réglementant aussi bien les véhicules importés, que ceux fabriqués localement, en y incluant un quota minimum de modèles équipés de kits GPL/c à la sortie d'usine".