C'est un rapport annuel très exhaustif que celui présenté il y a quelques jours par le Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (Cerefe). Le compte-rendu d'une année d'exercice, riche en constats et en propositions pour baliser, et surtout la rendre effective, la marche vers la transition énergétique. Notamment pour l'œuvre de longue haleine que constitue le passage au gaz de pétrole liquéfié carburant (GPLc). En dehors de la somme d'idées proposées et qui font leur chemin, telle la proposition de permettre l'ouverture au secteur privé du marché de la production et de la commercialisation d'électricité produite à partir de sources renouvelables avec accès au réseau de distribution, notamment la basse tension, afin d'encourager l'autoconsommation dans les secteurs résidentiel, tertiaire, industriel, agricole et autres, le Cerefe, en attendant la révolution de l'introduction de la voiture électrique en Algérie, s'est donc attardé sur l'objectif du million de véhicules reconvertis au GPLc d'ici trois ans. Les experts du Cerefe se veulent, pour le moins que l'on puisse dire, très ambitieux sur la question comme l'illustre leur proposition d'augmenter la moyenne annuelle de 90 000 véhicules roulant au GPLc. À la fin de l'année dernière, selon les plus récentes statistiques, il s'est avéré que la moitié du parc de véhicules visé a été atteinte puisque à la date indiquée, ce sont 490 000 kits qui ont été installés. Le Commissariat aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique préconise, pour augmenter le nombre de véhicules dotés du kit adéquat pour le carburant Sirghaz, que le secteur soit plus ouvert qu'il ne l'est encore. En effet, selon les chiffres de Naftal, il n'existe pour le moment pas plus de 150 centres de conversion à travers tout le pays, alors que les stations-service commercialisant le GPLc sont au nombre de 796. C'est dans cet ordre d'idées — la reconversion à un carburant propre— qu'il a été décidé, il y a quelques mois, de commencer à procéder à la conversion au Sirghaz du parc automobile de l'ensemble des institutions et des administrations publiques. Eu égard à l'importance de la question du carburant, le professeur Chems Eddine Chitour, dès sa nomination à la tête du tout nouveau département de la transition énergétique et des énergies renouvelables, s'est fait un point d'honneur d'évoquer le GPLc à tout-va et de fixer un «objectif prioritaire» consistant à doubler le nombre de véhicules à convertir au Sirghaz dès l'année qui s'annonce, tel que le préconise finalement le Cerefe dans son rapport rendu public il y a quelques jours. «Il est impératif d'améliorer et d'accroître, dans l'immédiat, l'usage du GPLc en rénovant aussi bien les conditions d'accès à ce carburant que les motivations susceptibles d'encourager le recours à ce carburant, à travers une nouvelle réglementation», estimait, quant à lui, le ministre de l'Energie il y a quelques mois, lorsqu'il a voulu attirer l'attention sur la frénésie de la consommation des produits pétrogaziers ces dernières années en Algérie non sans avoir souligné que cela nécessite la levée des blocages juridiques et des lourdeurs administratives qui entravent l'utilisation de ce carburant propre qu'est le Sirghaz. Le ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, qui avait, alors, mis l'accent sur l'urgence d'accélérer l'usage du GPLc puis, à moyen terme, lui substituer le gaz naturel comprimé utilisé comme carburant pour les véhicules à moteur (GNc) et l'électricité pour économiser, aussi dès le moyen terme, des volumes de GPL pour d'autres usages futurs aussi bien en matière de sécurité énergétique que pour l'industrie pétrochimique au-delà de 2030. Le GNC, selon M. Attar, devrait en principe remplacer progressivement aussi bien l'essence que le gasoil dès 2021, et le GPLc à compter de 2025, avec l'électricité. Il faut savoir qu'actuellement en Algérie, nous consommons annuellement plus de 14,5 millions de tonnes de carburants dont pas moins de 10,5 millions de tonnes en gasoil et 4 millions de tonnes d'essence dont 0,1 million de tonnes d'essence et 1,4 million de tonnes de gasoil importés, pour un montant de 897 millions de dollars par an. De quoi donner à réfléchir ... mais pas longtemps. Azedine Maktour