Conséquence de la crise sociale et économique, le pouvoir d'achat des Algériens continue de s'éroder. Les prix à la consommation ne cessent d'augmenter, selon les derniers chiffres de l'ONS. Les projections officielles prévoient un taux d'inflation moyenne proche de 5% pour l'année prochaine. La précarité sociale s'aggrave. Après une décélération ces quelques derniers mois, les poussées inflationnistes commencent à fortement ressurgir. Selon le dernier bulletin de l'Office national des statistiques (ONS), publié avant-hier, le taux d'inflation moyen annuel en Algérie était de 2,3% à fin novembre dernier. Il était de 2,2% à fin octobre 2020 et de 2% à fin septembre de la même année. En termes d'évolution mensuelle et par catégorie de produits, les prix des biens alimentaires ont pourtant connu un recul de 1,6%, conséquence d'une baisse des prix des produits agricoles frais qui ont été caractérisés par une décroissance de 3,8%. En dehors d'une augmentation des prix de la pomme de terre (+9,2%) et du poisson (+3,8%), l'ensemble des produits relevant de la catégorie des produits agricoles frais a observé des régressions. Cette tendance baissière a touché les prix des fruits (-1,9%), les légumes (-15,7%), la viande de poulet (-9,9%) et les œufs (-2,3%), détaille l'ONS. Quant aux produits alimentaires industriels, les prix ont connu une croissance modérée de 0,6% durant le mois de novembre et par rapport au mois d'octobre 2020, traduisant un relèvement des prix de certains produits, essentiellement les pâtes alimentaires (+15,5%), le couscous (+7,8%) et les légumes secs (+6,3%). Les prix des produits manufacturés ont, également, enregistré une hausse de +0,6%, alors que ceux des services se sont caractérisés par une évolution de +0,4%. Par groupe de biens et de services, les prix du groupe divers ont connu une hausse de 2%, ceux du groupe "habillement chaussures" ont enregistré une augmentation de 0,7%, le reste des biens et services s'est caractérisé, soit par des variations modérées, soit par des stagnations, indique l'ONS. Durant les onze premiers mois de l'année en cours, les prix à la consommation ont connu une hausse de 2,3%, malgré une baisse de 0,9% des prix des produits agricoles frais. Les poussées inflationnistes devraient connaître une accélération d'ici à l'année prochaine. Selon les anticipations du Fonds monétaire international (FMI), le taux d'inflation moyen devrait passer à 3,8% l'année prochaine. La Banque mondiale estime qu'il pourrait atteindre 5,9%. Le projet de loi de finances 2021 (PLF) prévoit une accélération de l'inflation pour atteindre 4,5% l'année prochaine, puis une légère décélération à 4,05% en 2022. Les prix à la consommation devraient rebondir en 2023 à 4,72%. Toujours dans les cadrages de la loi de finances 2021, la valeur du dinar devrait accélérer sa chute vis-à-vis du dollar à un rythme annuel de 5% en moyenne d'ici à 2023. En effet, le PLF 2021 prévoit un recul des cours de change du dinar contre le dollar américain, où la moyenne annuelle devra atteindre 142,20 DA pour un dollar en 2021, 149,31 DA pour un dollar en 2022 et 156,78 DA pour un dollar en 2023. La dépréciation du dinar devrait maintenir une pression inflationniste élevée. Source d'une inflation importée au regard du renchérissement des prix des produits et services importés, le glissement de la monnaie nationale aura, ainsi, un effet négatif sur le pouvoir d'achat des ménages.