Malgré le froid, les protestataires, dont des femmes, ont répondu à l'appel et ont campé pendant plusieurs heures devant l'institution, située près du musée du Louvre. Des compatriotes résidant en France ont organisé un rassemblement samedi dernier devant le Conseil d'Etat à Paris, afin de protester contre le blocage des procédures de délivrance des visas de regroupement familial par le gouvernement français. Le Conseil d'Etat, qui est la plus haute des juridictions de l'ordre administratif en France, doit examiner au début de l'année prochaine un recours qu'ils ont introduit, avec le soutien d'une dizaine d'associations d'aide aux étrangers et contre le racisme, pour lever les restrictions sur les visas. Depuis l'été dernier, les conjoints et les concubins de ressortissants français ayant obtenu une réponse favorable aux demandes de regroupement familial peuvent entrer en France, mais cette autorisation ne concerne pas les familles des résidents étrangers. Les consulats français à l'étranger justifient le gel de l'octroi des visas par le contexte sanitaire dû à la Covid-19. Or, cette mesure est qualifiée de discriminatoire car elle ne concerne ni les conjoints de ressortissants français ni d'autres catégories d'étrangers, comme les étudiants et certains travailleurs. Devant le Conseil d'Etat, plusieurs manifestants ont déploré cette différence de traitement en s'attaquant au gouvernement français et à son ministre de l'Intérieur. "Darmanin m'a mis en isolement sans ma famille depuis neuf mois. Pourtant, je n'ai pas la Covid-19", pouvait-on lire sur une pancarte, ou encore : "J'espère que vous passez de bonnes fêtes en famille. Moi, cela fait quinze mois que je n'ai pas vu la mienne." L'idée d'organiser le rassemblement a germé sur internet, il y a quelques jours, dans le groupe facebook "Délivrance des visas de regroupement familial. Conjoints résidant en France". Un des 5 000 membres a réussi à se faire délivrer une autorisation de manifestation par la préfecture de police de Paris. Malgré le froid, plusieurs compatriotes, dont des femmes, ont répondu à l'appel et ont campé pendant plusieurs heures devant l'institution, située près du musée du Louvre. Très actif sur le groupe, Hamza, qui habite à Paris, estime que la mobilisation doit se poursuivre, surtout que la plupart des référés introduits devant les tribunaux administratifs en France, pour demander le déblocage des visas, ont été rejetés. Au début du mois de décembre, un collectif d'avocats du SAF (Syndicat des avocats de France) et des ONG, dont la Cimade et la Gisti, ont lancé une campagne de référés devant le tribunal administratif de Nantes, à l'ouest de la France, pour contester la politique de deux poids, deux mesures, de délivrance des visas de regroupement familial. Mais les juges les ont déboutés dans de nombreuses affaires, en prétextant à leur tour le contexte sanitaire, pour justifier le gel de l'octroi des visas. En s'adressant au Conseil d'Etat, les résidents algériens espèrent obtenir une réponse favorable qui mettra fin à leur calvaire. Des députés français les soutiennent dans leurs démarches. Vingt-cinq d'entre eux ont adressé un courrier au ministre de l'Intérieur pour lui demander de lever les restrictions sur les visas.