Les premiers lots du vaccin devraient être livrés durant le mois en cours, pour mettre en branle rapidement la campagne de vaccination. Onze jours après la directive donnée par le président de la République afin d'accélérer les démarches d'acquisition du vaccin anti-Covid, le gouvernement a finalement jeté son dévolu sur le "Spoutnik V" fabriqué par un laboratoire russe. Les premiers lots de cet antidote seront livrés durant le mois en cours, pour mettre en branle la campagne nationale de vaccination contre la maladie virale émergente. L'option russe a été confirmée mercredi soir à l'issue de la réunion du gouvernement. Au cours de cette réunion, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a délivré ainsi une autorisation "d'urgence" pour le Spoutnik V. Une course contre la montre est lancée. Les délais fixés par le premier magistrat du pays ne permettent pas de s'engager dans la bataille des appels d'offres qui risquerait de retarder encore le lancement de la campagne. D'autant que l'Algérie était inscrite, avant le tweet du 20 décembre d'Abdelmadjid Tebboune, dans la formule d'achat groupé du vaccin, via le système "Covax", sous la conduite de l'ONU. Lequel tweet, qui avait mis un terme aux atermoiements du gouvernement, a fixé le début officiel de la campagne nationale de vaccination à janvier 2021. Le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, est revenu, lors de la réunion, sur les démarches engagées par son département, afin de parvenir à la finalisation d'un premier contrat d'approvisionnement en vaccin anti-Covid avec le laboratoire russe. Les autorités sanitaires ont, en effet, signé un contrat de gré à gré avec un laboratoire russe qui livrera les premiers lots de vaccin contre le coronavirus durant le mois en cours. À en croire le directeur général du budget au ministère des Finances, Abdelaziz Fayed, l'Algérie a débloqué un budget de 1,5 milliard de dinars, soit 9,2 millions d'euros pour acquérir les premières 500 000 doses russes. Le représentant du premier argentier du pays a précisé, sur une télévision privée offshore, que l'enveloppe budgétaire dégagée pour l'acquisition du vaccin pourrait atteindre les 20 milliards de dinars, soit 122 millions d'euros. "Le ministre de la Santé a présenté, lors de cette réunion, l'état d'avancement des contrats y afférents et qui permettront bientôt la réception des premières livraisons du vaccin et d'entamer l'opération de vaccination dès le mois de janvier", a indiqué un communiqué des services du Premier ministre. La signature de ce contrat a été évidemment précédée par plusieurs rounds de négociations scientifiques et immunologiques menées par les experts de l'Institut Pasteur d'Algérie avec leurs homologues russes. Autant souligner que le choix du vaccin russe n'obéit pas seulement à des considérations logistiques et de conservation adoptée par le système national de vaccination, mais il remplit aussi d'autres critères d'ordre sanitaire et de sécurité. Le gouvernement a annoncé que l'Institut Pasteur a entamé une série de consultations avec l'entreprise russe qui produit le vaccin Spoutnik V et continue dans le même temps ses consultations avec d'autres parties étrangères. La précision tend à confirmer que la porte est laissée ouverte à de nouvelles négociations dans les prochains jours avec d'autres producteurs internationaux et ce, pour assurer de nouveaux lots. D'ailleurs, une short-list de six fabricants, dont le laboratoire russe, a été établie lors de la réunion d'urgence commandée par le chef de l'Etat, afin d'accélérer les démarches d'acquisition du vaccin. Le britannique Astra Zeneca, qui fabrique pratiquement le même produit que le Spoutnik V, figure également en pole position dans la short-list en question. Le vaccin, pour lequel le gouvernement a opté, a préalablement reçu le feu vert des membres du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie. Le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, membre de l'instance scientifique en question, s'est félicité du choix fait par le Premier ministre, qui, présente, selon lui, des garanties d'efficacité et de protection. "On a aucune raison d'hésiter à opter pour un vaccin dont le pays vaccine déjà en nombre ses propres citoyens. La Russie est très développée en la matière. Le Spoutnik V est un produit vaccinal classique fabriqué à base du virus atténué. Les contre-indications sont également classiques. C'est dire que c'est un vaccin à haute sécurité", a expliqué le pneumologue du Comité. L'autre atout évoqué par notre interlocuteur est lié aux conditions d'administration et d'utilisation de ce traitement miracle. "Le Spoutnik V est adapté à notre système de conservation. J'espère que les 500 000 doses annoncées seront livrées en un seul lot, ce qui va accélérer l'opération et atteindre rapidement les seuils de l'immunité collective, car plus on vaccine, plus on immunise la population", a conclu le Dr Bekkat.